Vidéo. le "songo", jeu séculaire populaire africain, trait d'union entre Gabonais

Le360/ Ismael Obiang Nze

Le 07/08/2021 à 10h26, mis à jour le 07/08/2021 à 10h29

VidéoLibreville, capitale du Gabon, abrite depuis une semaine un tournoi inter quartiers de "songo", jeu très populaire et connu pratiquement sur tout le continent africain, à travers divers noms.

Initiée par l'association des anciens joueurs de songo, cette compétition répartie en deux poules A et B, enregistre la participation d'une centaine de joueurs regroupés par équipes issues des six arrondissements de la commune.

C'est la 12eme édition du genre de ce jeu de société traditionnel, qui se pratique depuis des siècles en Afrique centrale et particulièrement au Gabon, mais aussi en Afrique de l'Ouest. Le jeu est fabriqué en bois et joué grâce aux noyaux secs des fruits appelés ”fruits noirs”.

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Le songo ou awalé est une véritable métaphore sociale. Au cours de la partie, l’univers du jeu se confond en quelque sorte avec celui de la société. Le tableau de jeu, et les graines ou pions deviennent le village et ses habitants. Chaque joueur use ainsi de sa plus belle éloquence et accompagne les pions de proverbes, chants évocations épiques qui traduisent le sens qu’il donne à chacun des coups qu’il donne. Mais il doit faire preuve d'intelligence et de stratégie pour tirer le maximum de profit de l'autre et ramener ses pions vers ses propres cases.

Selon Casa Mintsa, membre du comité d'organisation du tournoi, le songo, comme tout autre jeu de société, est régi par des règles.

"C'est un jeu qui repose sur 70 pions, répartis en 14 cases et chaque case à 5 pions au départ. Celui qui a le plus grand nombre de pions, c'està-dire, 35 pions en montant remporte la partie" affirme-t-il.

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Les règles du jeu sont les mêmes quelle que soit la région, même si le nombre des cases en Afrique centrale est de 14 contre 12 en Afrique de l’Ouest.

Depuis plus d'une décennie, les promoteurs du songo se battent pour le vulgariser. Leur bataille a pu aboutir à la mise en place d'une Fédération nationale de songo, avec la création des clubs dans les grands centres urbains: Libreville, Oyem, Makokou, entres autres... Le prochain défi est d'en faire une activité extra communautaire.

L'association que dirige Paterne Nzué estime qu'il faut vulgariser davantage le songo à l'échelle nationale. "Nous avons d'abord organisé un tournoi individuel. Aujourd'hui, c'est un tournoi par équipe. Nous voulons sur le long terme amener toutes les régions du pays à s'intéresser à ce jeu", annonce Paterne Nzué.

En effet, bien que connu et reconnu au Gabon, le songo reste néanmoins plus pratiqué par la communauté fang issue du nord du Gabon. Dans cette région frontalière du Cameroun et de la Guinée équatoriale, on pouvait s'en servir à l'époque ancestrale pour séparer deux hommes ayant un différend, y compris au sujet d'une femme. Le vainqueur de la partie partait avec sa bien-aimée ou l'objet convoité par son adversaire. Et le différend prenait immédiatement fin.

Ceci fait dire à l'un des compétiteurs du tournoi de Libreville que le songo est devenu, au fil du temps, un parfait trait d'union entre les peuples. "C'est un jeu de réconciliation et d'harmonie entre les familles", estime le jeune Messame Akué.

Alors que la 12e édition du tournoi de songo de Libreville prend fin dans quelques jours, il prévoit comme récompense une enveloppe de cinq cents mille francs pour le vainqueur, deux cents cinquante mille francs pour le deuxième et les prix du meilleur jour du tournoi sur les 6 équipes en compétition.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 07/08/2021 à 10h26, mis à jour le 07/08/2021 à 10h29