Gabon: Sylvie et Clean, ces jeunes filles passionnées de robotique qui rêvent de la Nasa

VidéoC'est décidé, en matière de science et technologie, les jeunes filles du Gabon ont décidé de prendre leur destin en main. Longtemps laissées à la traîne, elles sont de plus en plus nombreuses à embrasser les matières scientifiques et à faire autant, sinon mieux que les garçons.

Le 21/02/2022 à 12h07, mis à jour le 21/02/2022 à 13h53

Une campagne d'information et de sensibilisation incitant les jeunes filles à s'intéresser aux matières scientifiques dans les établissements scolaires de Libreville, vient de révéler au grand jour deux visages encore méconnus du grand public, deux lycéennes se sont révélés être des ambassadeurs du «sexe faible». L'une, Sylvie Mbazogue, rêve de la Nasa avec son robot de recyclage. L'autre, Clean Verlène Ondo Mboutsila, n'en ambitionne pas moins.

Elèves de seconde scientifique au Lycée Nelson Mandela de Libreville, elles ont en partage la passion de la robotique. 

Les deux condisciples, qui partagent la même classe, travaillent depuis plus d'une année sur un projet de création d'un engin de recyclage de déchets. Prémices d'une start-up. Elle leur a valu une place dans la délégation officielle du Gabon lors de l'exposition 2020 de Dubaï.

Dubaï est d'ailleurs le nom éponyme du modèle de robot que les deux adolescentes souhaitent mettre en service.

«Il sert à recycler les ordures. Mais chaque partie du robot joue un rôle. C'est une grande opportunité dans le domaine de la programmation. Cela m'apprend énormément de nouvelles choses. Je souhaite vraiment un prototype que personne d'autre ne va réussir à créer. Et je vais faire tout pour y arriver. J'espère qu'on va me voir à la Nasa», dit toute confiante Sylvie Mbazogue, la co-fondatrice du projet de robotique dans le recyclage des déchets au Gabon.

"Aller à la Nasa", du haut de ses 16 ans, Sylvie Mbazogue voit grand. Mais, en réalité, le projet de robotique qu'elle co-pilote avec sa camarade de Lycée, Clean Verlène Ondo Mboutsila suit la trajectoire de personnes déterminées à briser les préjugés.

«Je m'intéresse à la robotique parce que j'aime tout ce qui est métal, tout ce que l'on fabrique», explique-t-elle avec l'ambition de devenir soit ingénieure ou médecin. C'est à base d'un assemblage de métaux et de câbles électriques que les deux jeunes filles ont monté leur robot témoin. L'engin encore en phase de test fonctionne avec les piles rechargeables. 

Ce sont des exemples comme Sylvie et Clean que la caravane qui sillonne les établissements scolaires de Libreville essaie de mettre en lumière. Elle est constituée des femmes professionnelles chevronnées dont des médecins, des ingénieures, les enseignantes chercheures et es architectes. Un groupe mis à contribution pour servir de modèle de réussite dans le domaine scientifique. Le but est d'inciter les jeunes élèves filles à mettre de côté les idées préconçues

«Il faut reconnaître que pour inciter les jeunes filles à faire des sciences, il faut forcément des modèles. Elles peuvent s'appuyer sur ses modèles là pour s'orienter plus tard. Les stéréotypes dans la question du genre ne permettent pas l'adhésion des femmes dans les matières scientifiques», s'alarme, Odile Osawa, chef de département genre à la Primature.

Pourtant, il en existe qui peuvent bien susciter la vocation des jeunes filles, c'est le cas de Jacky Sorrel Bouanga Boudiombo. Post-doctorante en sciences physiques, spécialisée en chimie des matériaux, la Gabonaise a participé au prix Unesco 2021 des Femmes et la Science. Ses recherches actuelles portent sur la «Formulation et développement de médicaments: analyse systématique des solutions solides par co-sublimation».

L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) entend apporter un appui au Gabon dans la promotion des micro sciences à l'école.

«C'est une expérience à élargir dans des zones rurales où les jeunes filles sont délaissées faute de salles spécialisées. Nous allons y parvenir pour favoriser l'éclosion des femmes dans les métiers de sciences», a déclaré Thomas Maganga, chef de département Sciences au bureau régional de l'Unesco à Libreville.

Cette initiative conjointement menée par le gouvernement gabonais et l'Unesco se veut une révolution silencieuse qui montre aux jeunes femmes africaines que se lancer dans la science est un défi qu'il est possible de relever... Même dans un continent où de nombreuses carrières sont encore liées au genre.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 21/02/2022 à 12h07, mis à jour le 21/02/2022 à 13h53