Les Gabonais veulent partir en vacances à tout prix, mais comment? En cette période de recul du pouvoir d'achat, la perspective d'un report ou d'une annulation des déplacements prévus depuis longtemps hante plusieurs familles. Et pour cause, depuis plusieurs semaines, le carburant est une denrée rare à travers la ville.
Entre la difficulté de trouver ce que l’on cherche, et l'angoisse de rouler sur la réserve, les transporteurs routiers ne savent plus où donner de la tête. «On ne peut pas voyager parce qu'il n'y a pas de carburant. Parfois, on vous dit de repasser et quand vous repassez, il n'y a rien. Vous voyez, ça bloque tout. C'est un gâchis, ce n'est pas normal, nous sommes un pays producteur. On vous fait même savoir dans les stations que vous ne faites pas de plein. D'autres stations en ont, mais ils vont vous dire qu'ils n'en ont pas. Simplement parce qu'ils ont leurs clients privilégiés», s'indigne Joseph Minko, transporeteur routier.
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Depuis un mois, le gouvernement a pris des mesures restrictives: limitation des pleins et interdiction pour les industriels de se servir dans les stations. Et en cette période de grande mobilité, c'est un véritable casse-tête pour les professionnels de la route, comme Aboubakar Adamou, responsable dans une agence de voyage terrestre située à la gare routière du Pk8 à Libreville. «Faute de carburant en quantité suffisante pour l’ensemble de notre parc, on est souvent obligé d’annuler certaines lignes et procéder à un remboursement auprès des clients qui ont déjà fait leur réservation», explique-t-il. Il s'agit d'un manque à gagner pour l’agence, qui a déjà perdu 25 à 30% de son chiffre d’affaires en l'espace de quelques jours seulement.
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Malgré une subvention annuelle des produits pétroliers estimée à près de 12 milliards de francs CFA, le Gabon, 7e pays producteur de pétrole en Afrique, est à la peine. D'après le directeur général de la Société d'entreposage des produits pétroliers (SGEPP), l’unique raffinerie du pays ne dispose plus de capacités techniques suffisantes pour couvrir aujourd’hui le marché local. D'où le recours à l'importation de 50% de produits raffinés. C'est ce circuit de ravitaillement qui prend souvent du temps.
«Une partie des volumes qui sont vendus sont également importés, parce que la Société gabonaise de raffinage n’arrive pas à satisfaire les besoins du marché national», a déclaré Andy Makindey Nzé Nguema, directeur général de la SGEPP, précisant que l'ensemble des intervenants sur la chaine de distribution du carburant au Gabon œuvrent présentement à éviter les ruptures de stock. Selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la production du Gabon s’est établie à une moyenne de 188.000 barils par jour en 2021.