En février 2016, le naissant conflit au sein de l'UFDG avait été à la base de l'assassinat d'un journaliste aux abords du siège du parti. Plus d'un an après, rien ne va toujours pas entre le président Cellou Dalein et son vice-président Bah Oury. Ce dernier, qui réclame la paternité de l'UFDG, avait été exclu du parti. Mais il a été restauré par une décision du tribunal de première instance de Dixinn intervenue au début du mois de juillet 2016. Une victoire judiciaire encore sans effet.
Les avocats de Cellou ont interjeté appel et il a nommé jeudi un vice-président intérimaire. Ibrahima Chérif Bah, un ancien haut commis de l'Etat, considéré comme l'un des bras financiers de l'UFDG, prend temporairement la place du vice-président exclu. Une décision qualifiée d'"irresponsable" par le clan Bah Oury. "J'espère que ce n'est pas une décision concertée et que monsieur Chérif Bah ne va pas tomber dans ce piège... La justice guinéenne doit prendre sa responsabilité face à ces agissements de Cellou Dalein qui est en train de faire croire à l'opinion qu'il n'est pas justiciable en République de Guinée alors que le pays est régi par des lois ", a réagi Mohamed Lamine Keita, l'un des hommes forts de Bah Oury, sur le site Mosaïque Guinée.
Avant la décision de justice, Cellou Dalein avait déjà déclaré qu'il ne travaillerait plus avec Bah Oury. "Il n’y a pas de conflit à l’UFDG. Il y a eu un cas d’indiscipline et il a été réglé selon les dispositions qui prévalent dans le parti en la matière", disait Cellou Dalein en 2016. "Certes, l'exclusion n'est toujours pas la bonne réponse, mais face à l'indiscipline, la contestation des instances dirigeantes, surtout l'opposition catégorique à la ligne du parti peut donner lieu à des sanctions sévères...", a renchéri Abdoulaye Bah, un proche de Cellou Dalein, dans une opinion publiée sur le site Vision Guinée.
Bah Oury, lui, n'exclut pas une réconciliation avec Cellou Dalein, mais il n'est pas prêt à faire le premier pas. Prêt à briguer la présidence de l'UFDG, il reste tout de même dans une position politique différente de celle de son parti. Alors qu'UFDG siège à l'Assemblée, ilui Oury Bah, maintient sa place au sein de l'Opposition extra-parlementaire... Les deux hommes ne se sont plus rencontrés depuis janvier 2016, et chacun d'eux a son bureau dans des sièges différents, mais ils refusent d'admettre que le parti à deux directoires. "Cellou a son bureau à Hamdallaye et j'ai le mien à Nongo... Mais l'esprit guinéen veut que l'Eglise soit chapeautée par un seul chef", dit Bah Oury. Pour l'instant, il dit ne pas être pressé pour se rendre aux assemblées hebdomadaires du parti. Après sa victoire judiciaire du début mars, il s'est d'ailleurs rendu en France où il séjourne encore.
"Le salut de Cellou Dalein c'est de rapprocher Bah Oury, il n'a pas intérêt à maintenir le statu quo. Il est vrai que Bah Oury n'est visiblement pas populaire comme lui (Cellou), mais il a une force de nuisance non négligeable", estime Mamadou Savané, journaliste politique et directeur de publication du site Media Guinée.
Beaucoup d'observateurs, mais aussi les opposants proches de Cellou Dalein, estiment que c'est Alpha Condé qui est en train de détruire l'UFDG en utilisant Bah Oury. De toute façon, Bah Oury, bénéficiaire d'une grâce qui lui a permis de regagner le pays en décembre 2015, ne tient plus les mêmes discours virulents contre Alpha Condé. En 2016, il a même été nommé dans une commission de réflexion sur le système éducatif avant de démissionner. Pourtant, durant le premier mandat d'Alpha Condé, personne ne pouvait imaginer Bah Oury dans une structure étatique...
En revanche, dans son camp, on considère que Cellou Dalein n'est pas à la hauteur du bras de fer politique avec Alpha Condé. Et que ses erreurs ont coûté au parti les dernières élections présidentielles et législatives.