En Guinée, le seul moyen de transport offert aux guinéens est celui des routes, et encore, de quelles routes s'agit-il? Toutes sont dans un état chaotique.
Les transporteurs sont les premiers à en souffrir. A la gare routière de Bambeto, il est difficile pour les conducteurs de cacher leur angoisse. Lorsqu'ils partent pour l'intérieur du pays, ces chauffeurs sont souvent la cible des "coupeurs de route", soit des bandits de grands chemins.
Une situation d'insécurité avec laquelle ils sont tenus de faire avec, regrette Mamadou Tafsir Barry, chauffeur routier: «nous rencontrons souvent des coupeurs de route, après les clients exigent de nous le paiement des bagages perdus, alors que les passagers savent bien que nous avons tous été braqués».
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Selon ce camionneur, «ce problème lié aux coupeurs de route nous fatigue. Je demande aux autorités de prendre des dispositions par rapport à ça, surtout pendant la nuit. A cause de l'insécurité, les passagers ne voyagent plus la nuit. Il doit y avoir une brigade qui doit surveiller [les routes] surtout entre Mamou et Souguéta, ensuite entre Kindia et Coyah. Il y a trop de "coupeurs de route" dans ces deux zones».
Aujourd'hui, les nouvelles autorités du pays travaillent à réglementer le secteur des transports. Mais encore là, il y a un problème! Certaines mesures prises par les autorités divisent la profession.
Toutefois, le Comité national du rassemblement et du développement dirigé par le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, qui a renversé l'ex-président Alpha Condé, jouit d'une forte popularité auprès des transporteurs. Avant le coup d'Etat, les tracasseries policières étaient récurrentes sur la route nationale. Désormais, plus de barrages, plus de rackets.
Les seules tracasseries à l'endroit des transporteurs viennent des syndicats, regrette Abdoulaye Bobodi, conducteur: «avant l'avènement du Colonel Doumbouya au pouvoir, la police et le syndicat nous fatiguaient énormément sur le terrain. Surtout les agents de la CMIS, ils sont trop violents et ils rackettent sans gêne. Après tout ça, tu n'as nulle part où aller te plaindre. Mais, depuis l'arrivée du CNRD, la police a lâché prise, si on n'est pas en infraction, ils ne nous fatiguent plus».
«Cependant, par rapport aux syndicalistes, c'est là où se trouve la plaie. Les chauffeurs ont travaillé des années, mais ils n'ont rien. Tous les membres du syndicat ont de gros ventres, remplis par notre argent. Toi, chauffeur, tu vas amortir ton véhicule sans pouvoir acheter un autre, alors qu'eux ils s'achètent facilement des motos et des voitures. Les transporteurs affrontent des difficultés en brousse, pendant ce temps ils sont assis là en train de bouffer notre argent et prendre soin de leurs familles», se plaint-il.
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En attendant d'avoir d'autres moyens de transports, que ce soit par voie aérienne ou ferroviaire dans l'intérieur du pays, les Guinéens vont encore devoir se contenter de leurs routes.
Les transporteurs sont donc encore indispensables. Un constat toutefois: depuis l'arrivée du CNRD, bien des réfections ont été engagées dans les parties des routes qui ont été dégradées. Les Guinéens espèrent que ces initiatives vont se poursuivre, et que l'Etat amorcera bientôt la construction de routes plus adaptées aux attentes des transporteurs.