A Bambéto, quartier situé en haute banlieue de Conakry, les Guinéens ne semblent nullement avoir la tête à la fête. Pour vérifier cet état de fait, un petit détour dans les ateliers de coutures. Là, maîtres tailleurs et apprentis se tournent les pouces. C’est le cas chez Alhassane Bah, qui évoque la conjoncture économique: «On se débrouille petit à petit mais cette année ce n’est vraiment pas comme d’habitude. A l’époque, à quelques heures de la fête, nous étions débordés avec la vente de nos Macky Sall. Mais cette année, tout a changé. Nous avions au moins dix ventes par jour. Mais actuellement, nous n’en avons qu'une ou deux. Hier par exemple, nous n’avons eu aucun client.»
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Même situation pour Amadou Barry: «Cette année, je ne sais pas si c’est dû à la récente crise du carburant, mais il n’y a rien. Vous voyez nos ateliers, il n’y a vraiment rien», déplore le maître tailleur. Habituellement, à quelques heures de la fête, les ateliers de couture sont animés, devenant souvent le théâtre de nombreuses altercations. Mais cette année, rien, poursuit Barry: «Si vous entendez altercation, c’est parce qu’il y a certainement des clients. Mais là, pas de client pour venir réclamer une couture pas faite ou autre. Ces situations arrivent seulement lorsque nous avons beaucoup de commandes à honorer en même temps.»
Pour tous ces maîtres tailleurs, cette année, la fête du mouton a un gout légèrement amer. Et comme pour enfoncer le clou, les préparatifs de la fête coïncident avec des manifestations socio-politiques.