Mali: quand le sommet France-Afrique rime avec opérations de déguerpissement

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Le 12/01/2017 à 15h30, mis à jour le 12/01/2017 à 15h32

Bamako se prépare à accueillir le sommet France-Afrique. En attendant l’arrivée des chefs d’Etat, l’heure est à l’embellissement de la capitale malienne avec son lot de déguerpis. Une situation qui créé des mécontentements. Tout le monde n’est pas gagnant.

Bamako, la capitale malienne va accueillir les 13 et 14 janvier courant le 27e sommet France-Afrique. Toute une série de mesures ont été prises par les autorités pour assurer la sécurité de l’événement, en coordination avec les forces étrangères présentes au Mali, Munisma et forces française de Barkhane.

Au delà de l’aspect sécuritaire, plusieurs mesures ont été prises pour embellir la capitale Bamako. Et ces mesures ne font pas l’unanimité au sein de la population, notamment chez les commerçants qui avaient investi les bords des routes et qui sont obligés de déguerpir par les forces de l’ordre.

L’ombre du F CFA va planer sur le sommet France-Afrique de plus en plus critiqué

Et pour mener à bien cette opération de déguerpissement, les autorités de Bamako, souhaitant donner une belle image à la capitale malienne, tout en contribuant à faciliter la circulation et la sécurité, n’ont pas lésiné sur les moyens. Très tôt chaque matin, bulldozers, accompagnés de policiers, envahissent les routes bordant les grandes artères et rasent tout sur leur passage. Magasins, kiosques et autres petits commerces font les frais de cette opération. Certains commerçants ont été surpris par l’opération et ont tout perdu.

Pour le moment, préoccupés par la réussite du sommet et l’embellissement de la capitale, les autorités n’avancent aucun chiffre sur les déguerpissements.

Une réalité tout de même, si le Mali compte tirer bénéfice des retombées positives de ce sommet, plusieurs petits commerçants et d’autres acteurs de petits métiers se désolent d’avoir tout perdu et de se retrouver du jour au lendemain au chômage. Rares sont ceux qui ont bénéficié d’une relocalisation dans d’autres quartiers de la capitale.

Mali: opération de déguerpissement des occupants illégaux des artères de Bamako

Même les taximen bamakois sont furieux. En effet, pour des raisons de sécurité, plusieurs artères de la capitale seront fermées à la circulation. A titre d’exemple, dès l'arrivée des premières délégations, deux ponts de Bamako seront fermés à la circulation.

Ces restrictions pousseront les chauffeurs à des détours et occasionneront d’énormes embouteillages. En plus, ces restrictions empêchent les taximen de tirer profit de la clientèle étrangère présente lors de l’événement.

Par contre, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Certains opérateurs tirent profit de l’opération. C’est le cas notamment des hôteliers qui se frottent les mains. En effet, la capacité d’hébergement hôtelier de Bamako étant réduite, tous les hôtels de Bamako affichent presque complet et certains l’ont été bien avant l’événement du fait des réservations déjà faites, pour des raisons de sécurité notamment.

Reste que pour les autorités maliennes, l’organisation de cette opération est une aubaine pour le pays qui traverse depuis 2012 une situation difficile avec l’envahissement du nord du pays par les djihadistes et les rebelles touaregs, ainsi que l’insécurité persistante depuis lors. Le pays s’attend à tirer d'importants dividendes de cette manifestation.

Par Kofi Gabriel
Le 12/01/2017 à 15h30, mis à jour le 12/01/2017 à 15h32