Mali: les forces françaises désarment les combattants pro-gouvernementaux du Gatia

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Le 14/08/2017 à 15h32, mis à jour le 14/08/2017 à 18h53

Les pro-gouvernementaux qui défendent l'intégrité territoriale du Mali auraient été désarmés "manu militari" par la force Barkhane mise en place par la France. Le Gatia et la plateforme des républicains déplorent une situation qui favorise les rebelles et se demandent à quel jeu joue la France.

Il y a une dizaine de jours, les Maliens étaient sortis en masse pour manifester leur colère contre la force française de l'opération Barkhane. L'ambassade de France était obligée, à son tour, de publier un communiqué pour regretter ce sentiment anti-français et réaffirmer l'engagement de son pays à rester neutre tout en préservant l'intégrité territoriale du Mali. Sauf que sur le terrain, les forces pro-gouvermentales, appelées la Plateforme des mouvements républicains, dont fait partie le Groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) ont été désarmés hier par les forces françaises. 

"La plateforme des mouvements républicains issue des accords du 14 juin à Alger tient à informer le peuple malien, le gouvernement de la République du Mali et la méditation internationale des faits graves en cour en ce moment au nord du Mali, plus précisément dans le secteur de Tabankorte, lieu de cantonnement de ces combattants", affirme un communiqué signé Arouna Toureh, porte-parole de la Plateforme. 

"Ce 13 août 2017, aux environs de 17h, un convoi militaire de la force française Barkhane quittant Gao s'est installé entre nos positions", se plaignent les unionistes, soit les partisans d'une province de l'Azawad faisant partie intégrante du Mali et qui s'opposent à toute scission du pays. Mais le plus grave est que la force Barkhane aurait complètement ignoré l'argument des pro-Bamako. Car "aussitôt une discussion s'est engagé", mais la "force Barkhane a informé les combattants de la plateforme de sa volonté de procéder manu militari à leur désarmement".

Quand les combattants de la plateforme ont essayé de "résister à la tentative de désarmement", ils ont été immédiatement attaqués par la "force aérienne qui ne tarda pas à intervenir en ouvrant le feu" sur leurs positions. 

Pourtant, déplore la plateforme, ces "tentatives de désarmement forcées (...) sont contraires au principe de traitement égalitaire des parties signataires que prône l'accord pour la paix, surtout l'article 54 dudit accord"

Si ces faits sont avérés, il est clair que la France cherche à affaiblir les alliés de Bamako, partie prenante de l'accord d'Alger. Cela pose certaines questions. Pourquoi la force Barkhane dirigée par la France chercherait-elle à permettre aux rebelles indépendantistes de la CMA de prendre le dessus sur les groupes d'autodéfense républicains? L'ambassadeur de France à Bamako a beau affirmer le contraire, la société civile malienne risque de continuer ses accusations contre le double jeu de la France. 

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)
Le 14/08/2017 à 15h32, mis à jour le 14/08/2017 à 18h53