C'est dans la soirée du dimanche 1er octobre que les images d'un bombardement du domicile présumé d'un membre de la CMA sont parvenues à la rédaction. Les forces françaises de l'opération Barkhane ont menées une opération musclée au nord Mali dans la ville de kidal. Selon des sources locales ces opérations ont touché deux maisons la nuit du 30 au 1er octobre 2017 et visaient des caches d'armes et des véhicules des terroristes.
Le Bilan provisoire fait état de trois véhicules brûlés, au moins sept personnes interpellées. Un habitant signale que l'opération a été d'une violence extrême et des traces de sang était visible sur le sol partout sur les lieux. La ville de kidal selon les mêmes sources est sous haute tension et des manifestations se préparent contre l'opération française Barkhane. Un responsable de la ville proche de la CMA dénonce cette intervention trop cavalière.
Les images sont accompagnées de la voix off du colonel Mohamed Ahmad Ag Abass qui est le chef d'Etat major du Congrès pour la justice dans l'Azawad (CJA), l'un des groupes membres de la CMA. Ce dernier fournit certains détails que les images seules ne font pas apparaître. Par les personnes interpellées, il y a des combattants et des personnes impliquées dans un trafic d'êtres humains qui jouaient les passeurs pour des migrants vers l'Algérie.
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Parmi les présumés militaires de la CMA, la voix off cite notamment Rhissa Ag Moussa, "combattant de la CMA, issu de la CJA" ou encore Ibrahim Ag Intifaskiwene, membre de ce que le Colonel Ag Abass appelle "la garde nationale". Il n'omet pas de préciser qu'il s'agit d'un jeune qui n'a pas d'antécédent, "qui n'a aucun problème particulier". Bien que "militaire", Ag Intifaskiwene occupe des fonctions de "secrétaire au bureau" de la CMA. Asghayar Ag Baba fait également partie des militaires, "c'est d'ailleurs un blessé de guerre qui ne s'est pas encore remis de ses blessures des opérations récentes".
Le domicile visé appartient à un certain Mohamed dont l'occupation principale est de servir de passeur pour les migrants transitant vers Kidal et se rendant en Algérie. Cela expliquerait-il la présence de plusieurs véhicules dans la propriété? C'est possible.
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Toujours est-il que sur les quatre autres personnes arrêtées par la force Barkhane, trois ont été formellement identifiées, dont deux hommes qui ne seraient pas liés à des activités dites militaires ou à du djihadisme. "Ils sont simplement venus rendre visite à Mohamed", précise le colonel Ag Abass. La troisième personne est le chauffeur du propriétaire du domicile, alors que l'identité de la quatrième reste indéterminée.
C'est bien la première fois que la force Barkhane s'attaque à des membres de la CMA, ce qui fait dire à Ag Abass: "on nous prête des connivences avec la force française, mais vous pouvez constater vous-même que nous faisons l'objet d'attaques injustifiées". Selon lui, dans le domicile se trouvent "des femmes et des enfants" et l'endroit n'aurait jamais servi à des activités militaires.
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Il faut rappeler que durant ces derniers mois, la Plateforme pro-gouvernementale qui s'oppose militairement à la CMA a fait l'objet de plusieurs attaques similaires. Elle a été régulièrement désarmée par Barkhane, poussant la rue malienne et l'opinion publique à s'indigner des agissements de la France qu'elles accusent de faire le jeu des rebelles.