Les résultats du scrutin, le deuxième depuis l'intervention française qui avait mis en déroute les jihadistes dans le nord du pays en 2013, ne sont pas attendus avant quatre ou cinq jours.
Le vainqueur du duel entre le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, dit "IBK", et l'opposant Soumaïla Cissé, entrera en fonction début septembre, avec la lourde tâche de relancer l'accord de paix conclu en 2015 avec l'ex-rébellion à dominante touareg, dont l'application accumule les retards.
Dimanche, jour du scrutin, les bureaux de vote n'ont pas connu de forte affluence, en raison d'une météo pluvieuse, des risques de violences ou encore du manque de suspense. Les opérations de dépouillement ont débuté dès leur fermeture à 18H00 (GMT et locale).
Le président-candidat et son adversaire se sont livrés le jour même à une passe d'armes sur la fraude électorale.
Selon le camp de Cissé --qui se disait toutefois "confiant" en votant dans son fief de Niafounké (nord)--, des bulletins de vote ont "circulé" en dehors des circuits normaux depuis plusieurs jours, preuve que des bourrages d'urnes étaient en préparation.
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Un journaliste de l'AFP ont pu constater que dans au moins cinq bureaux de vote de Bamako, les procès-verbaux électoraux avaient été préremplis et signés avant même la fin du vote. "C'est comme signer un chèque en blanc, on peut imaginer ce qui se passe dans le reste du pays", a observé une source proche de l'organisation du scrutin.
Ibrahim Boubacar Keïta a répliqué en dénonçant des "manoeuvres" de l'opposition visant à faire "croire que nous serions dans une logique de fraude". "Comment frauder quand on a l'assurance de l'estime de son peuple?", s'est-il interrogé.
A 73 ans, Keïta est en position de force pour remporter un second mandat de cinq ans. Au premier tour, il avait récolté 41,70% des suffrages, contre 17,78% pour Cissé, un ancien ministre des Finances de 68 ans qui n'a pas su unir l'opposition pendant l'entre-deux tours.
En 2013, déjà opposé à Cissé, "IBK" avait été plébiscité avec un score de plus de de 77%.
L'avenir du Sahel
L'élection, déterminante pour l'avenir du Sahel, a été émaillée de violences, dont la plus grave a eu lieu au sud de Tombouctou (nord), dans la localité d'Arkodia où le président d'un bureau de vote a été tué par balles par des jihadistes présumés, venus "interdire le vote".
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Dans cette même région, où les groupes islamistes frappent régulièrement face à un État absent, "des hommes armés sont venus et ont emporté tout le matériel électoral au bord du fleuve et l'ont incendié", a dit un habitant du village de Kiname.
La "menace sécuritaire" a ainsi empêché ou perturbé le vote dans "au moins une centaine" de bureaux, selon les quelque 2.000 observateurs du Pool d'observation Citoyenne du Mali (POCIM). Au premier tour, le 29 juillet, quelque 250.000 Maliens n'avaient pas pu voter en raison des violences.
Indifférence relative
Cette fois, quelque 36.000 militaires maliens, soit 6.000 de plus qu'au premier tour, étaient mobilisés pour sécuriser le scrutin avec l'aide des Casque bleus de la Minusma, des forces françaises de l'opération Barkhane et, dans le Nord, où l'Etat est peu ou pas présent, de groupes armés signataires de l'accord de paix.
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Le scrutin s'est tenu dans une relative indifférence de la population, fatiguée par plus de six ans de violences et dont près de la moitié vit sous le seuil de pauvreté malgré un taux de croissance supérieur à 5% et une place de premier producteur africain de coton.
Les observateurs de l'UE, premier bailleur international du Mali, ont cette fois pu se déployer à Gao (Nord), mais toujours pas à Tombouctou et à Kidal (Nord), ni à Mopti (centre).
Sur le plan sécuritaire, la tension était montée samedi avec l'arrestation de trois membres d'un commando, qualifié de "groupe terroriste", au moment où il "planifiait des attaques ciblées à Bamako pendant le weekend".
Le pays a connu ces dernières années plusieurs attentats jihadistes contre des lieux fréquentés par des Occidentaux ou contre les forces militaires, ainsi que des enlèvements d'étrangers et de nombreuses violences intercommunautaires.