La cérémonie d’hommage aux 13 soldats français de l’opération Barkhane morts au Mali dans la collision de deux hélicoptères de l'armée française, au cours d'une opération anti-terroriste, s’est tenue le lundi 2 décembre dernier, dans la cour de l’hôtel des Invalides, à Paris, en présence du président malien, Ibrahim Boubacar Keita, dit IBK.
C'est à l'invitation du président français, Emmanuel Macron, que le président malien s'est rendu en France, où il a tenu, au cours de ces obsèques, à présenter ses condoléances aux familles des soldats disparus dans cet accident.
Au Mali, alors que la présence militaire française fait aujourd’hui débat parmi les Maliens, la présence d'IBK à Paris a fait naître une polémique supplémentaire.
Plusieurs hommes politiques, y compris ceux proches des cercles présidentiels, ainsi que de nombreux citoyens, ont critiqué la participation du président malien à cette cérémonie, dans un contexte marqué par un certain ressentiment de la population contre la présence française au Sahel dans le cadre de l'opération anti-terroriste Barkhane.
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En effet, au Mali, mais aussi au Burkina Faso, une partie de l’opinion critique ouvertement cette présence militaire française, alors même que l'armée française ne parvient pas encore à enrayer cette menace djihadiste, en dépit d'énormes moyens déployés dont des soldats au sol, du matériel militaire, des drones d'espionnage.
Pire encore, une théorie fantaisiste est actuellement propagée, accusant la France de complicité avec les terroristes.
Au Burkina Faso, les autorités militaires burkinabè demandent désormais à l'armée française d'obtenir préalablement une autorisation pour ses avions militaires et ses drones avant d'entrer dans son espace aérien, ce qui, de l'avis de la population, illustre bien ce ressentiment anti-français.
De plus, une récente déclaration du très apprécié chanteur malien Salif Keita, qui a accusé la France d’"armer les terroristes" n’a fait qu’aggraver cette hostilité des Maliens à l’égard de la France, dont l'action anti-terroriste dans la région avait pourtant été saluée en 2012, lorsque l'armée française avait arrêté l’avancée des djihadistes vers Bamako, la capitale.
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Un ressentiment auquel le président malien, conscient de la faiblesse de son armée face aux djihadistes, répond par ces termes: «nous n’avons pus aucune raison de mordre la main de ceux qui nous tendent la leur aujourd’hui, car l’humilité et la gratitude sont des valeurs de ce pays; il importe de ne pas les jeter dans le torrent de nos récriminations personnelles».
Toutefois, la colère de la population est profonde. Et pendant ce temps, en France, la mort des 13 soldats relance la question de l’engagement français dans la zone sahélienne, où la situation sécuritaire ne cesse de s’aggraver. Jean-Luc Mélenchon, chef de file du parti de La France Insoumise à l'assemblée nationale, a demandé le retour des troupes françaises du Sahel, où le terrorisme continue pourtant à faire des ravages.