"Les Etats du Sahel vont s'effondrer, si...", dixit le chef d'état-major de l'armée française

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Le 19/12/2019 à 09h18, mis à jour le 19/12/2019 à 22h17

Les djihadistes pourraient bien prendre le dessus sur les armées nationales des pays du Sahel et prendre le contrôle de territoires entiers dans cette région dix fois plus vaste que l'Europe de l'Ouest. Le général François Lecointre ne cache pas ses inquiétudes.

Et si les jours du Mali, du Burkina Faso et du Niger, dans la forme étatique qu'on leur connaît, étaient comptés? L'hypothèse n'a rien de farfelu, si l'on lit entre les lignes de la récente sortie du général François Lecointre ui estime que l'année 2020 est cruciale pour décider de l'avenir de la région. 

«Si nous laissons le chaos s’installer, les États sahéliens vont s’effondrer sur eux-mêmes, laisser la place à l’État islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l’Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera», a-t-il averti. À l’initiative du président Emmanuel Macron, un sommet sur le Sahel se tiendra le 13 janvier à Pau (sud de la France), auquel sont conviés les présidents du Niger, du Burkina Faso, du Mali, du Tchad et de la Mauritanie.

«Ce qui fait douter du sens de la mission, ce n’est pas les pertes, c’est l’absence de clarté, (…) de détermination politique », a insisté le général Lecointre, en assurant que l’armée française était au Sahel « pour assurer notre sécurité pour les 30 ans qui viennent».

Le chef d’état-major français a réaffirmé l’importance de l’opération Barkhane au Sahel, mais souhaite «passer à la vitesse supérieure» avec une politique plus adaptée

L’avenir du Sahel se joue «dans l’année qui vient», a-t-il estimé, dans un entretien à France Info, en réaffirmant que seule une solution politique impliquant les États de la région et la communauté internationale permettrait une sortie de crise.

«C’est maintenant, dans l’année qui vient, que se joue l’avenir du Sahel», a-t-il prévenu lors d’un déplacement il y a quelques jours dans cette région en proie à une rapide dégradation sécuritaire, en particulier dans la zone dite des «trois frontières» entre Mali, Niger et Burkina Faso.

«Passer à la vitesse supérieure»

« C’est pour ça que nous nous engageons en avant-garde et que nous allons passer à la vitesse supérieure », a-t-il affirmé sans fournir de détails. « Si nous loupons ce moment charnière, je suis assez pessimiste ». La visite du général Lecointre auprès des troupes de l’opération antijhadiste Barkhane intervient quelques semaines après la mort de treize soldats français dans la collision de deux hélicoptères en opération, et après l’attaque jihadiste d’une base au Niger au cours de laquelle 71 militaires nigériens ont été tués. D’autres attaques sanglantes ont frappé ces derniers mois le Mali et le Burkina Faso.

«Si nous loupons ce moment charnière, je suis assez pessimiste»

Le chef d’état-major français a toutefois rejeté toute idée d’échec de la mission Barkhane, qui mobilise 4 500 militaires français au Sahel. "Ce qu’on demande à un soldat, c’est de permettre que le niveau de violences soit le plus bas possible, de façon à ce que des solutions politiques puissent être mises en œuvre sans que l’on ne sombre définitivement dans des situations de guerre civile", a-t-il relevé.

«Nous évitons que le pire ne se produise et ça doit être porté à notre crédit». Mais si le travail de Barkhane «n’est pas complété par une action politique (…) en partenariat entre les gouvernements des pays que nous venons aider et l’ensemble de la communauté internationale (…), notre action ne servira à rien», a-t-il assuré.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 19/12/2019 à 09h18, mis à jour le 19/12/2019 à 22h17