Mali. Après Goodluck Jonathan, l'imam Dicko chez le chérif de Nioro

Le Chérif de Nioro en compagnie de l'Imam Mamoud Dicko.

Le Chérif de Nioro en compagnie de l'Imam Mamoud Dicko.. DR

Le 14/08/2020 à 12h42, mis à jour le 14/08/2020 à 12h52

L'imam Mamoud Dicko, devenu tête de proue de l'opposition, s'est rendu chez le chérif Bouyé Haïdara de Nioro. Sa visite au chef religieux intervient 24h après celle de l'émissaire de la Cédéao, l'ex-président nigérian Goodluck Jonathan. Récit.

Arrivé à bord d'un véhicule tout terrain vers 10h30, l'imam Mahoud Dicko a été accueilli par les enfants du chérif Bouyé Haïdara et une foule nombreuse à l'entrée de la ville.

Prenant la direction du quartier Kaime, il a traversé la ville sous les applaudissements de la population. Sa délégation, dont faisait partie l'opposant Choguel Kokala Maïga, a été escortée par les jeunes jusqu'au domicile de son hôte en brandissant le drapeau malien.

Le chérif Bouyé ne sortira qu'en début de soirée, précisément à 19h29 pour rejoindre ses visiteurs dans le salon d'attente.

Choguel Kokala Maïga a été le premier à prendre la parole, expliquant les raisons de cette visite et les attentes du M5-RFP. Il souhaite "la démission du président de la République, du Premier Ministrre et du président de l'Assemblée nationale".

Après l'intervention de Choguel, une longue pause a été observée pour permettre aux hôtes du jour de dîner avec la famille du chérif que l'imam Dicko connaît très bien. Les relations entre les deux chefs religieux remontent à 2009. Date à laquelle l'imam et le chérif s'associent contre le nouveau Code de la famille. Dix ans plus tard, en avril 2019, ils s'allient à nouveau pour obtenir la chute du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. A l'époque, le chérif avait promis de faire partir le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) avant la fin de son mandat. Son discours semble avoir évolué depuis. Ses visiteurs en ont eu confirmation après avoir savouré leur dîner.

Vers 21h, les discussions ont repris. L'imam Dicko a expliqué les démarches entreprises jusque là et précisé sa position par rapport aux doléances du mouvement. Il ne veut pas de violence et affirme ne pas agir pour une place quelconque, mais pour éviter la mauvaise gouvernance et la gestion unilatérale du pays par le président de la République et ses proches.

Contrairement aux autres membres du mouvement, il n'a pas ouvertement évoqué le départ d'IBK, mais uniquement celui du Premier ministre.

Répondant à ses visiteurs, le chérif a suggéré de laisser IBK achever son mandat et de donner une autre chance au Premier ministre. Visiblement, sa discussion avec le président Goodluck Jonathan a eu quelques effets que le président malien appréciera.

Néanmoins, des sources proches de la délégation affirme que durant l'entretien en tête à tête entre les deux hommes, l'imam Dicko a expliqué les circonstances dans lesquelles les forces de sécurités maliennes sont intervenues jusqu'à l'intérieur de sa mosquée à Bamako, lors de la manifestation qui aurait fait une vingtaine de morts.

Bouyé Haïdara a rappelé être contre toute sorte de violence. Il soutient le M5, mais condamne les violences et prie ses visiteurs de se rendre à la table des négociations en laissant en fonction le président IBK et son Premier ministre.

Les visiteurs ont passé la nuit à Nioro avant de retourner à Bamako, ce vendredi 14 août.

Pour le moment, tout le monde attend la prière de ce vendredi 14 août 2020 qui risque d'être déterminante pour la suite de la crise politique.

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)
Le 14/08/2020 à 12h42, mis à jour le 14/08/2020 à 12h52