La délégation dépêchée par la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) "pour assurer le retour immédiat de l'ordre constitutionnel" et conduite par l'ex-président nigérian Goodluck Jonathan, a atterri en début d'après-midi à l'aéroport de la capitale malienne, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Elle a été reçue à sa descente d'avion par le colonel Malick Diaw, n°2 du "Comité national pour le salut du peuple" (CNSP), l'instance mise en place par les militaires pour diriger le pays, et par le porte-parole de la junte, Ismaël Wagué.
Jonathan s'est dit confiant que les discussions permettraient d'aboutir à "quelque chose de bon pour le pays, bon pour la Cédéao et bon pour la communauté internationale".
La délégation doit s'entretenir dans l'après-midi avec les dirigeants du CNSP, qui ont poussé le président Keïta, dit "IBK", au pouvoir depuis 2013, à annoncer sa démission dans la nuit de mardi à mercredi.
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Les envoyés ouest-africains se rendront ensuite à Kati, ville-garnison de la banlieue de Bamako devenue le centre du nouveau pouvoir, pour une "visite aux personnalités arrêtées" par les militaires, parmi lesquelles le chef de l'Etat déchu et son Premier ministre Boubou Cissé.
Ils détiennent au total depuis mardi une quinzaine de hauts responsables civils et militaires, dont aussi le président de l'Assemblée nationale, Moussa Timbiné, et le chef d'état-major de l'armée, le général Abdoulaye Coulibaly.
"En début de soirée, nous aurons un entretien avec le président malien Ibrahim Boubacar Keïta", a dit à l'AFP un membre de la délégation, avant son arrivée à Bamako. "La Cédéao rencontrera IBK ce soir", a confirmé un membre de la famille du président.
La délégation rencontrera dimanche matin les ambassadeurs au Mali des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU (France, Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne et Chine), selon son programme obtenu par l'AFP.
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Les pays voisins du Mali, réunis en Sommet extraordinaire, ont réclamé jeudi le "rétablissement" du président Keïta et décidé d'envoyer cette délégation à Bamako, la quatrième de l'ex-président Goodluck Jonathan depuis le début de la crise socio-politique qui ébranle le Mali depuis les législatives contestées de mars-avril.
Elu en 2013 et réélu en 2018, le président Keïta était fortement contesté dans la rue à l'appel d'un mouvement d'opposition hétéroclite qui réclamait sa démission.
Des pro-IBK dispersés par la police
Dénoncé par la communauté internationale, le coup d'Etat militaire n'a suscité aucune opposition notable à Bamako. Les Maliens ont repris leurs activités dès le lendemain du putsch et la télévision nationale, l'ORTM, poursuit ses programmes.
Les militaires au pouvoir, qui ont promis de mettre en place une "transition politique", ont été acclamés vendredi par des milliers de partisans de l'opposition, qui réclamaient depuis trois mois le départ du chef de l'Etat.
Samedi matin, quelques dizaines de partisans du président Keïta ont tenté de manifester à Bamako, avant d'être dispersés par les forces de l'ordre.
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"Nous sommes ici ce matin pour montrer qu'on n'est pas d'accord avec le coup d'Etat. Mais des gens sont venus nous attaquer avec des cailloux, puis les forces de l'ordre ont profité de cette agression pour disperser nos militants", a déclaré à l'AFP Abdoul Niang, un militant de la Convergence des Forces républicaines (CFR).
Quatre soldats tués
Alors que les discussions politiques et diplomatiques se poursuivent à Bamako, quatre soldats ont été tués et un grièvement blessé samedi matin par un engin explosif dans le centre du pays, selon des sources militaires et administratives.
Les attaques de groupes jihadistes, qui ont démarré dans le nord du Mali en 2012, se sont étendues en 2015 au centre du pays, entraînant de lourdes pertes civiles et militaires.
Ces attaques, mêlées à des violences intercommunautaires, ont également débordé aux Niger et Burkina Faso voisins.
L'incapacité de l'Etat malien à contrôler de vastes parts de son territoire dans le nord et le centre a été dénoncée pendant des mois par les opposants au président Keïta.
Les putschistes ont également justifié leur intervention notamment par l'insécurité régnant dans le pays et par le manque de moyens de l'armée.