La Turquie poursuit son offensive diplomatique en Afrique entamée dès l'avènement de Recep Tayyip Erdogan au pouvoir. Depuis hier, mercredi 9 septembre, le chef de la diplomatie turque, Melvüt Cavusoglu, a entamé une mini-tournée ouest-africaine qui le mènera au Mali, au Sénégal et en Guinée Bissau.
Il a démarré sa visite régionale à Bamako auprès de la junte au pouvoir, un choix qui n'est pas anodin, puisqu'Ankara cherche à renforcer son influence notamment auprès des pays francophones d'Afrique, dans un contexte de rivalité et de tension avec Paris. D'ailleurs, le 18 août dernier, journée qui a vu chuter le président Ibrahim Boubacar Keïta, beaucoup d'internautes ont remarqué une activité inhabituelle des médias progouvernementaux et des automates turcs sur Facebook et Twitter évoquant la situation à Bamako.
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A Bamako, après sa rencontre avec le chef de la junte, Melvüt Cavusoglu s'est entretenu avec les représentants de l'ONU et de l'Union africaine à Bamako, en l'occurrence Mahamat Saleh Annadif et Pierre Buyoya, mais également avec les représentants de la Cédéao.
Concernant la rencontre avec les responsables du Conseil national de salut pour le peuple (CNSP), le chef de la diplomatie turque ne s'est pas beaucoup étalé, soulignant simplement devant les caméras de la télévision nationale malienne qu'il était venu pour réaffirmer la volonté de la Turquie de poursuivre la coopération avec le Mali, "un pays frère et ami", notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la pandémie de Covid-19.
Néanmoins, s'il avait bien dans ses valises des masques N-95 et des respirateurs artificiels, il est clair qu'il n'a pas fait le déplacement d'Ankara à Bamako pour parler du Covid-19. L'objectif de ce déplacement est bien sûr de rassurer la junte sur son soutien, une manière de couper l'herbe sous le pays de son homologue français. Car, faut-il le rappeler, Paris était un soutien inconditionnel de Ibrahim Boubacar Keïta, qu'il a été obligé de lâcher à la prise de pouvoir des militaires, en n'exigeant pas son retour au pouvoir.
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La junte a rencontré l'ambassadeur de la Russie dès le 21 août, c'est-à-dire trois jours après le coup d'Etat, avant d'accorder une audience à celui de la France, le 24 août. Ce qui peut être interprété aussi bien comme une manière pour Paris de prendre ses distances du coup de force, mais aussi pour le CNSP d'en faire pareil avec les "amis" d'IBK. Quoi qu'il en soit, voulue par Bamako ou suscitée par Paris, la distance entre les nouveaux hommes forts de Kati et l'Elysée semble bien réelle. Et la nature ayant horreur du vide, les Turcs qui n'ont jamais caché leur volonté d'être "amis et frères" avec les pays africains veulent d'ores et déjà placer des pions. Cette tournée en est la confirmation.