"Les gens disent que j'aime démissionner. Cette fois-ci (...), je ne me laisserai pas faire", a déclaré en bambara le président de la transition, investi le 25 septembre, en allusion à de précédentes démissions, notamment lorsqu'il était aide de camp du dictateur Moussa Traoré (1968-1991).
Il s'exprimait lors d'une rencontre avec la diaspora malienne lundi à Abidjan, en marge de l'investiture du président ivoirien Alassane Ouattara, selon une vidéo authentifiée par l'AFP.
"Pour cette mission, on m'a fixé 18 mois, pour moi il me reste 12 mois. Donnons-nous la main afin que je puisse accomplir cette mission et retourner chez moi", a ajouté M. Bah Ndaw, un ancien officier de 70 ans sorti de sa retraite après le putsch qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta.
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Se présentant comme un "président civilo-militaire" qui "fait l'affaire de tous les Maliens", alors que la militarisation de la transition et la lenteur des progrès accomplis ont engendré un désenchantement croissant, il a réaffirmé son rôle: "la bonne conduite de la transition avec des élections transparentes".
"Je m'y attellerai!", a-t-il martelé, en fustigeant les responsables syndicaux qui ont déclenché lundi une grève dans les services publics. "Avec la situation que connaît le pays, quelqu'un qui est conscient ne peut pas parler de grève", a-t-il jugé.
Des propos qui ont choqué la principale organisation syndicale du Mali, qui a affirmé dans la foulée "rompre toute négociation" avec le gouvernement "jusqu'à nouvel ordre".
L'Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a dénoncé des "propos menaçants, méprisants, à l'encontre des syndicalistes exerçant leur droit de grève", dans un communiqué.
L'UNTM avait appelé à un arrêt de travail de lundi à vendredi, pour réclamer notamment une revalorisation des salaires dans la fonction publique.
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Après une grève de trois jours fin novembre, des négociations entre syndicats et gouvernement s'étaient achevées sans accord début décembre.
Le Premier ministre, Moctar Ouane, a expliqué récemment devant la presse que son gouvernement "ne pourra pas tout faire" mais qu'il "s'emploiera à faire tout ce qui est possible". Il a annoncé la tenue d'une conférence sociale "au premier trimestre 2021" pour trouver "les compromis nécessaires afin d'éviter à notre pays une énième turbulence".
Début décembre, Bah Ndaw avait mystérieusement disparu de la sphère publique durant plusieurs jours, suscitant des spéculations sur une possible démission ou une contamination par le coronavirus.
La transition de 18 mois doit paver le chemin, selon les promesses des militaires, à un retour des civils au pouvoir à l'issue d'élections en 2022.
D'ici là, un train de réformes est attendu dans un pays pauvre où les défis sécuritaires, sanitaires et politiques sont multiples.