La Russie et le Mali comptent renforcer leurs relations dans tous les domaines. C’est ce qui ressort de la visite du ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, en Russie. Lors d’une conférence de presse avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, le ministre malien a souligné d’emblée que «la relation entre la Russie et le Mali est une relation d’Etat à Etat. Et le Mali ne permettra à aucun Etat ou à aucune institution de lui dire avec qui il peut traiter». Une manière de tancer les nombreux dirigeants européens qui ne voient pas d’un bon œil le rapprochement russo-malien. Il a ajouté, à l’adresse de ces pays, sans les citer, que «quelle que soit la gravité des problèmes, qu’on respecte la souveraineté du Mali».
Au niveau du volet militaire, «nous apprécions les premières livraisons d’équipements militaires russes le mois dernier», espérant que les autres puissent être réceptionnés le plus rapidement possible afin que le pays puisse faire face à l’insécurité.
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«Nous comprenons bien la nécessité de renforcer le potentiel de lutte antiterroriste et nous fournissons au gouvernement du Mali un certain nombre de munitions. Nous allons tout faire pour éviter que la menace terroriste ne pèse sur la structure de l’Etat», a pour sa part souligné Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, qui n’a pas manqué de critiquer la France qui se désengage des «zones où les terroristes ont de plus en plus les mains libres». Il a souligné que la Russie va continuer à livrer des équipements militaires et à former les soldats maliens.
En ce qui concerne la nervosité des Européens sur l’arrivée annoncée des milices Wagner au Mali, Sergueï Lavrov a souligné que «cette question relève uniquement de la compétence du gouvernement malien», soulignant que la Russie n’a pas de relations avec ce type de structure créée par des citoyens Russes qui concluent des contrats avec des pays qui le souhaitent, tout en soulignant que les groupes paramilitaires ne sont pas l’apanage de la Russie.
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Au moment de la visite du ministre des Affaires étrangères maliens en Russie, le président français Emmanuel Macron va se réunir avec les dirigeants de trois pays du Sahel: Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad) et Mohamed Bazoum (Niger). Cette rencontre se déroule en marge de la conférence internationale pour la Libye et le Forum pour la paix qui se tiennent à Paris, dans un contexte marqué par la dégradation des relations entre Paris et Bamako suite au possible recours par le Mali à la société paramilitaire privée russe Wagner.
A noter que les trois pays sahéliens forment avec le Mali, pays le plus touché par le terrorisme au Sahel, et la Mauritanie, le G5 Sahel.
La France, engagée militairement dans la région depuis 2012, a annoncé la réduction de ses effectifs, de plus de 5.500 actuellement, à 2.500-3.000 d’ici 2023. Une décision qui pourrait entraîner un risque terroriste renforcé au Mali, selon les déclarations de Sergueï Lavrov, lors de sa conférence de presse avec le ministre des Affaires étrangères malien.