Alors que la Cédéao continue de s'acharner sur le respect d'un calendrier conçu sans tenir compte du contexte spécifique au Mali, les citoyens de ce pays membre de l'organisation se sont clairement prononcés en faveur d'une prolongation de la transition, jusqu'à un délai de 5 ans. En effet, dans la rue malienne comme auprès des intellectuels, il est difficile de trouver des personnes qui appellent à une élection présidentielle dès ce mois de février. Tous ceux à qui le360 Afrique a tendu le micro ont clairement affirmé qu'une transition s'étalant sur les 5 prochaines années est beaucoup plus réalistes.
Cependant, l'organisation sous-régionale, semblent vouloir maintenir la pression sur les autorités de la transition pour qu'elles se résolvent à écourter coûte que coûte le délai de transfert du pouvoir au civil et à un retour total de l'ordre constitutionnel.
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Ainsi, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a été dépêché le 31 décembre 2021 par le colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne pour présenter les conclusions des Assises nationales de la refondation au président Ghanéen, Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Cédéao.
Une démarche qui s’inscrit dans l’ouverture au dialogue pour trouver un consensus concernant le chronogramme des élections. Abdoulaye Diop a effectivement fait cas de la proposition des Maliens de la fourchette de six mois à cinq ans au président en exercice de la Cédéao, durant laquelle les civils reviendront progressivement au pouvoir.
Il a ajouté que le gouvernement de transition reste ouvert et disponible pour poursuivre les discussions avec la Cédéao, afin de permettre le retour dans un ordre constitutionnel normal.
Cette conclusion des assises nationales de la refondation est visiblement partagée par la majorité des Maliens interrogés. A les en croire, leur pays, qu'ils connaissent mieux qu'un envoyé spécial de la CEDEAO qui y séjourne quelques heures, traverse une crise tellement profonde qu'il est important d'en chercher les raisons avant toute élection. En d'autres termes, deux ans ne suffiront pas et risquent même d'aggraver la crise que traverse le pays.
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Beaucoup estiment que la Constitution malienne de 1992 doit être révisée à tout prix et cela prendra énormément de temps. De même, le fichier électoral doit être revu et un organe unique de gestion des élections créé.
Une mission de la Cédéao est attendue à Bamako, ce mercredi 5 janvier 2022 pour engager des discussions avec les autorités de la transition sur les conclusions des Assises nationales de la refondation.