Des milliers de Maliens parés aux couleurs nationales vert, jaune et rouge se sont massés dans la capitale sur la place de l'Indépendance pour entendre différents orateurs éreinter l'organisation des Etats ouest-africains Cédéao, exalter la souveraineté malienne et faire ovationner l'armée et le projet de "refondation" du pays en crise.
«Vive Assimi (Goïta), vive Choguel (Maïga)», s'enthousiasmait Abdoulaye Yanoga, chômeur de 27 ans en parlant dans le vacarme ambiant des chefs de la junte et du gouvernement, «nous les soutenons et nous avons compris que c’est la France qui est derrière (les organisations ouest-africaines) Cédéao et Uémoa, mais ces sanctions ne passeront pas ici».
«Ceux qui doutaient que la transition (les autorités) est soutenue par le peuple malien ont leur réponse», se réjouissait Nouhoum Sarr, membre de ce qui fait office d'organe législatif.
Grosse affluence aussi à Tombouctou, sur la place Sankoré, devant la mosquée, ont indiqué plusieurs Tombouctiens à l'AFP.
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Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une foule dense marchant et chantant derrière le drapeau national dans les rues de Kadiolo, frontalière de la Côte d’Ivoire. Scène analogue à Bougouni, également dans le sud.
Le gouvernement malien a lancé lundi, au lendemain des mesures de rétorsion «extrêmes» selon lui prises par la Cédéao, un appel «à une mobilisation générale sur toute l’étendue du territoire national».
Le colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d'Etat en août 2020 et intronisé président «de la transition» à la suite d'un second en mai 2021, a exhorté les Maliens à «défendre (leur) patrie».
Le Mali, déjà plongé dans une grave crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012, fait face depuis dimanche à de lourdes sanctions de la Cédéao. Celles-ci punissent le projet des militaires de continuer à gouverner pendant plusieurs années, et l'engagement révoqué d'organiser en février 2022 des élections qui auraient ramené les civils à la tête du pays.
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La fermeture des frontières de la Cédéao, l'embargo sur les échanges commerciaux (hors produits de première nécessité) et sur les transactions financières ainsi que le gel des avoirs maliens dans les banques ouest-africaines, menacent dangereusement l'économie d'un pays parmi les plus pauvres du monde, enclavé et éprouvé par les violences et la pandémie.
Des compagnies ouest-africaines ainsi qu'Air France ont suspendu leurs vols vers Bamako. Le pays risque l'asphyxie faute de liquidités. Le Mali n'a pas pu réaliser une opération sur le marché financier régional mercredi. Il est «coupé du reste du monde», dit Kako Nubukpo, commissaire pour l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa).
Les sanctions ont suscité un concert de réprobations au Mali. La Cédéao est accusée d'être un club dépassé de dirigeants coupés des populations et l'instrument de l'étranger, dont la France, l'ancien puissance coloniale engagée militairement au Sahel.
L'ONU au travail
Les Maliens se sont ralliés en nombre vendredi derrière le slogan de défense des intérêts nationaux, sans tous vouloir brûler les ponts avec la Cédéao ou la communauté internationale, ou même soutenir inconditionnellement la junte.
«Je suis venu soutenir mon pays face au danger qui nous guette», déclarait dans la foule à Bamako Alassane Kanouté, professeur, mais «soyons raisonnables: une guerre contre le monde est perdue d'avance».
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Le colonel Goïta, a validé vendredi un «plan de risposte» gouvernemental aux sanctions ouest-africaines, ont indiqué ses services sur Facebook. Le plan a plusieurs composantes, diplomatiques ou économiques, disent-ils sans plus de précisions.
«L'objectif de ce plan n’est pas d'être dans une posture de bras de fer» avec les organisations ouest-africaines, et le Mali reste «ouvert au dialogue», disent-ils.
Le chef de l'ONU Antonio Guterres a réclamé jeudi du gouvernement malien un calendrier électoral «acceptable», rappelant que la Cédéao pourrait alors lever graduellement les sanctions.
Des partenaires du Mali aussi importants que la France et les Etats-Unis ont apporté leur soutien aux sanctions ouest-africaines. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a indiqué jeudi que l'UE allait prendre des dispositions «dans la même ligne» que la Cédéao.
La France et les Européens, engagés militairement contre les jihadistes, veulent rester au Mali, mais ne le feront «pas à n'importe quel prix», a dit le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.