«Vive le Mali! A bas la Cédéao!», scandaient les manifestants massés à proximité de l'ambassade du Ghana, pays président en exercice de l'organisation des Etats ouest-africains. Le Mali, déjà plongé dans une grave crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012, fait face depuis dimanche dernier à de lourdes sanctions de la Cédéao.
Celles-ci punissent le projet des militaires de continuer à gouverner pendant plusieurs années, et l'engagement révoqué d'organiser en février 2022 des élections qui auraient ramené les civils à la tête du pays.
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«On en a marre, on ne veut plus continuer à recevoir d'ordres de qui que ce soit, on veut qu'on nous laisse gérer le pays à notre façon», a expliqué une participante, Diary Sow Touré. «Ce n'est pas par amour pour la junte que le peuple manifeste, mais si la junte peut poser des jalons pour un nouveau Mali, pourquoi ne pas la laisser faire?», a-t-elle ajouté. «Il faut écouter le peuple malien, ce qui s'est passé hier dans le pays est un signal fort», a déclaré un autre manifestant, Bakary.
Vendredi, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Bamako et dans d'autres villes du pays à l'appel de la junte dirigée par le colonel Assimi Goïta. «Le Mali ne veut plus de soldats français ni ceux de l'Europe», disait une pancarte brandie par un manifestant parisien, tandis que d'autres scandaient: «A bas l'impérialisme français».
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Le Mali a connu deux coups d'Etat en août 2020 et mai 2021. La France, militairement présente au Mali depuis neuf ans pour lutter contre les jihadistes, est en train d'y réduire ses effectifs tout en maintenant des troupes dans le nord du pays à Gao, Ménaka et Gossi.
Les Européens, eux, sont présents dans la force Takuba, composée de forces spéciales et comptant près de 900 militaires. La France et les Européens veulent rester au Mali, «mais pas à n'importe quel prix», ont prévenu vendredi les chefs de la diplomatie française Jean-Yves le Drian et européenne Josep Borrell lors d'une réunion informelle à Brest (ouest de la France). Les Européens s'inquiètent notamment du récent déploiement d'instructeurs russes au Mali, qu'ils accusent d'être des mercenaires du groupe paramilitaire Wagner.