La dernière victime, Bemba C., un homme d'une cinquantaine d'années marié et père de quatre enfants, a été retrouvée dans sa chambre à coucher mercredi au petit matin, à indiqué à l'AFP Boubacar Diarra, le procureur de cette ville de 36.000 habitants généralement sans histoire, sinon la chronique de ces décapitations sans auteur ni mobile connu.
En juillet dernier, la chaîne française TV5 s'était rendue à Fana.
L'enquête sur les huit autres cas de décapitation n'a pas encore abouti.
Mais le mode opératoire est cette fois encore le même, a souligné le procureur, joint par téléphone: "On tranche la tête, on prend le sang et on laisse le corps et la tête".
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Des habitants interrogés par l'AFP évoquent la piste d'un crime rituel, sans qu'aucun élément ne puisse pour l'heure corroborer ces affirmations.
"Nous pensons qu'il y a un lien" entre ces neufs assassinats, confie toutefois le procureur, en précisant que la piste des crimes rituels est une "hypothèse de travail" dans le cadre d'une enquête qui n'en écarte aucune.
Les premiers meurtres ont provoqué des manifestations et des pillages dans cette cité cotonnière et commerçante construite le long de la nationale reliant la capitale Bamako à Ségou, loin des violences jihadistes et communautaires qui endeuillent le nord et le centre du pays depuis 2012.
Un commissariat a alors ouvert début 2019 et, pour la première fois, Fana a vu des policiers patrouiller aux côtés des gendarmes et gardes nationaux déjà présents.
Au moins 11 hommes ont été mis sous les verrous depuis 2018 sans que les meurtres ne cessent, avaient indiqué en juillet des responsables locaux.
Le profil des décapités? Des personnes isolées géographiquement, souvent socialement. Six sur huit vivaient dans le même quartier modeste de Badialan, à la limite de la brousse.
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Impossible d'établir d'autres liens entre les défunts. Il y avait une ménagère, un gardien d'antenne téléphonique, un enfant albinos de cinq ans, une fillette de deux ans...
Ces assassinats ont à chaque fois défrayé la chronique, dans un pays rompu à la guerre et aux violences jihadistes et communautaires, mais interloqué devant ces décapitations à répétition.
La légende de la musique africaine Salif Keïta avait présenté fin 2018 son dernier album à Fana, en hommage à la fillette albinos assassinée lors d'un concert destiné également à dénoncer les meurtres rituels d'albinos en Afrique.