Union africaine: la position neutre de Cyril Ramaphosa qui fera mal à l'Algérie et au Polisario

DR

Le 30/01/2020 à 15h24

Au grand dam de l'Algérie et de ses protégés du Polisario, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a décidé de ne pas confondre son rôle de futur président en exercice de l'Union africaine avec celui de membre de l'African national congress. Décryptage.

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui doit prendre fonction à la tête de l'Union africaine dès la semaine prochaine, s'est exprimé mardi devant les ambassadeurs des pays du continent accrédités à Prétoria, lors de leurs remises de lettres de créance. Son discours a été essentiellement axé sur ses priorités en tant que président en exercice de l'Union africaine, pour l'année en cours.

Il s'est appesanti sur six principaux points, à commencer par la promotion "des valeurs, intérêts et objectifs continentaux et nationaux de l’Afrique du Sud".

En deuxième lieu, figure le "soutien à l'intégration, au développement économique, au commerce et à l'investissement sur le continent".

Cyril Ramaphosa envisage également de "piloter la mise en œuvre de l'Initiative présidentielle (initiative du président de l'Union africaine) des champions de l'infrastructure à l'appui de la zone de libre-échange continentale africaine".

De même, il compte "faire progresser l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et lutter contre la violence à l'égard des femmes et des filles".

Il a aussi annoncé le "renforcement de la coopération entre l'Union africaine et les Nations Unies".

Enfin, comme sixième point, il veut "promouvoir la paix et la sécurité et faire avancer les efforts pour faire taire les armes à feu".

Or, justement pour ce dernier sujet, le chef de l'Etat sud-africain, dont le pays est l'un des plus fervents soutiens du Polisario, s'est limité à citer deux cas seulement: la Libye et le Sud Soudan.

"Dans certains pays (du continent, ndlr), l'instabilité politique et civile persiste", a-t-il dit, ajoutant que "les conflits violents continuent d'entraver nos efforts pour parvenir au développement de la paix continentaux".

Reconnaissant que "certains de ces événements nécessitent l'intervention de ceux qui sont capables d'aider les pays africains à trouver des solutions", il a néanmoins regretté que "dans certains cas, ces interventions semblent être motivées par des arrière-pensées". C'est là qu'il cite "la Libye et le Soudan du Sud", tout en rappelant que son pays fait partie des initiatives multilatérales mises en place pour la résolution de ces conflits.

Le fait qu'il n'ait cité le Polisario à aucun moment est sans doute le signe que le président sud-africain ne compte pas confondre sa responsabilité de président de l'Union africaine avec celle de membre influent de l'African national congress (ANC), son parti.

Une manière d'éviter de s'attirer les fourdres des nombreux pays au sein de l'UNion africaine qui soutiennent la marocanité du Sahara? Certainement.

>>>LIRE AUSS: Union africaine: la suspension du Soudan levée après la formation d'un gouvernement civil

Cela laisse présager, au grand dam de l'Algérie et de ses protégés du Polisario, une présidence sud-africaine neutre, d'autant qu'il entend, comme il l'a précisé dans sa cinquième priorité, "renforcer la coopération entre l'Union africaine et les Nations unies". Ce qui est la position officielle de l'Union africaine depuis que le Maroc est retourné au sein de l'organisation continentale.

En effet, l'Union africaine a pris la résolution de ne pas laisser le problème, créé notamment par l'Algérie concernant le Sahara marocain, gangrener les relations de ses membres, en laissant les Nations Unies gérer ce conflit.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 30/01/2020 à 15h24