Zone MENA. Diaspora: la Banque mondiale veut qu'on aille au-delà des transferts de devises

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Le 30/03/2017 à 16h04, mis à jour le 30/03/2017 à 16h12

La Banque mondiale vient de livrer une synthèse sur les transferts des migrants au niveau de la zone MENA. L’Egypte et le Maroc sont les grands bénéficiaires en Afrique du nord. La diaspora est appelée à jouer un rôle plus actif au niveau de l'investissement et du transfert des connaissances.

Le développement des pays d’Afrique du Nord dépend en partie des financements extérieurs. Au moment où les investissements directs étrangers et les aides au développement tendent à baisser, sous l’effet conjugué des crises et des conjonctures difficiles, de nombreux experts pensent que la diaspora et les transferts de celle-ci au niveau de la région peuvent contribuer à lutter contre la pauvreté, mais aussi et surtout concourir au développement des pays de la région.

Il faut dire que la région Moyen-Orient Afrique du Nord (MENA), avec quelques 20 millions de citoyens vivant à l’étranger, soit 5% de la population de la zone, est l’une des régions ayant la plus forte diaspora au monde.

L’impact des transferts de la diaspora y est aussi important, notamment au niveau social, en permettant de lutter contre la pauvreté.

C’est d'abord le cas de l’Egypte, le premier bénéficiaire des transferts émanant de la diaspora en Afrique du Nord, et même au niveau du continent. Selon l’enquête de la Banque mondiale qui se base sur des données de 2015, les migrants égyptiens ont transféré 19,7 milliards de dollars vers leur pays, se plaçant au premier rang au niveau de la région MENA, devant les Libanais (7,2 milliards de dollars). L’Egypte compte sur une diaspora de plus de 10 millions d’âmes établie dans les pays du Golfe notamment, mais aussi en Libye, aux Etats-Unis et en Europe.

Loin derrière les Egyptiens suivent les Marocains, qui, avec 2,8 millions de citoyens vivant à l’étranger, selon les données de l’étude de la Banque mondiale, ont été à l’origine d’un montant global de transferts estimé à 6,4 milliards de dollars.

Les Tunisiens et les Algériens, avec des diasporas de 1,2 million et 1,7 million d’âmes, ont transféré respectivement 2,3 milliards et 2 milliards de dollars.

Ainsi, les transferts de la diaspora des 4 pays d’Afrique du Nord (Egypte, Maroc, Algérie et Tunisie) ont totalisé un montant global de 30,4 milliards de dollars en 2015, un montant qui pèserait autour de 6% du PIB des quatre pays. C’est dire l’importance que représentent les transferts des migrants pour ces économies. Ils jouent un rôle social crucial en aidant plusieurs millions de familles sans ressources à faire face aux besoins quotidiens. En outre, ces transferts en devises contribuent à améliorer la situation de la balance des opérations courantes des pays de la région.

Néanmoins, les impacts de ces transferts sur le développement de ces économies ne se font pas trop sentir au-delà des soutiens aux familles bénéficiaires.

Partant, selon la Banque mondiale, les gouvernements des pays de la région devraient accorder plus d’importance aux migrants qui pourraient jouer un rôle important dans le développement de leur pays d’origine et ne pas se contenter d’encourager les simples transferts de fonds.

Plus clairement, l’institution de développement recommande aux Etats de mettre en place des politiques visant à orienter les migrants vers l’investissement productif, le transfert de connaissance et de compétences, etc.

Ainsi, selon l’enquête de la Banque mondiale, 85% des migrants de la région sondés soulignent que le retour à leur pays d’origine est important. De même, 86% d’entre eux ont dit souhaiter être plus connectés à leur pays d’origine. Ces résultats montrent clairement l’attachement des migrants nord-africains à leur pays d’origine. L’étude cite d’ailleurs quelques exemples de migrants de la région ayant contribué à l’implantation de firmes étrangères dans leur pays d’origine. L’étude de la Banque mondiale révèle ainsi que l’implantation des constructeurs aéronautiques nord-américains au Maroc a été facilitée par un expatrié marocain de chez Boeing.

En outre, l’étude a révélé que 68% des migrants de la région souhaitent investir des montants compris entre 10.000 et 50.000 dollars et/ou commercer avec leur pays d’origine.

Toutefois, conclut le sondage réalisé par la Banque mondiale, la moitié des sondés déclarent que l’environnement des affaires n’est pas des plus favorables et constitue un obstacle à l’investisseme

Par Moussa Diop
Le 30/03/2017 à 16h04, mis à jour le 30/03/2017 à 16h12