Siège de l’Agence africaine du médicament: 8 candidats et une rude bataille nord-africaine en perspective

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Le 01/06/2022 à 08h23, mis à jour le 01/06/2022 à 08h25

Huit pays africains se battent pour abriter le siège permanent de l’Agence africaine du médicament (AMA), relevant de l’Union africaine. Parmi eux, trois maghrébins: Maroc, Algérie et Tunisie.

Qui abritera le siège de l’Agence africaine du médicament (AMA)? La bataille s’annonce rude. Au total, huit pays ont été officiellement confirmés comme candidat pour abriter le siège de cette importante institution africaine. Il s’agit de l’Algérie, de l’Egypte, du Maroc, de l’Ouganda, du Rwanda, de la Tanzanie, de la Tunisie et du Zimbabwe. Ainsi, quatre pays d'Afrique du Nord, dont trois du Maghreb, sont candidats.

Logiquement, l’Union africaine (UA) devrait désigner le pays répondant le mieux aux critères de sélection après une opération d’évaluation et de notation confiée à une équipe d’experts africains indépendants, mise en place par la Commission de l’Union africaine.

L’équipe a déjà effectué les visites d’évaluation dans les 8 pays candidats et prépare un rapport exhaustif sur le classement des candidats selon les critères de sélection prédéfinis. Ensuite, ce sera au tour de la Conférence des Etats parties du Traité instituant l’AMA de classer les candidats après analyse dudit rapport. La décision finale reviendra à l’Assemblée générale de l’UA dont les réunions sont prévues en juin-juillet 2022. C’est celle-ci qui désignera le pays devant abriter le siège permanent de l'AMA. A défaut d’un consensus sur le nom du pays, les dirigeants africains vont recourir au vote.

Il sera difficile d’obtenir un consensus entre les pays candidats, surtout au niveau des pays maghrébins qui devraient obtenir de bonnes notes grâce à leurs infrastructures sanitaires et pharmaceutiques ainsi que leur dépendance moindre à l'égard des médicaments importés comparativement au reste de l’Afrique. C'est, par exemple, le cas du Maroc, qui va abriter Sensyo Pharmatech, la plus grande plateforme par capacité de Fill & Finish de vaccins en Afrique. La pose de la première pierre de ce projet, qui mobilisera un investissement d’environ 500 millions d’euros, a eu lieu le 27 janvier dernier.

En attendant l'AG de l'UA, c’est déjà la course aux soutiens. Le 16 avril dernier, le président tunisien Kaïs Saied vantait les points forts de son pays, expliquant que «des ressources humaines jusqu’à la logistique, la Tunisie dispose de tous les atouts pour abriter l’Agence africaine du médicament (AMA)». Avant lui, en février dernier, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du Maroc, avait fait remarquer que le Royaume était «disposé à abriter le siège de l'AMA et à développer des projets de partenariat Sud-Sud avec les CDC Afrique (Centres africains de contrôle et de prévention des maladies)». Le Congo est d'ailleurs l’un des premiers pays à annoncer son soutien à la candidature marocaine.

L’Agence africaine du médicament (AMA), relevant de l’UA, calquée sur le modèle de l’Agence européenne du médicament (EMA), est une agence de règlementation des produits pharmaceutiques, à vocation scientifique et industrielle, à même de stimuler l’intégration africaine pour la production de médicaments répondant aux besoins des populations africaines. Elle mettra en commun les ressources et les expertises du continent afin de remédier au manque d’accès à des produits médicaux de qualité et abordables, et de réduire la dépendance excessive de l’Afrique à l’égard des produits médicaux importés. Actuellement, l’Afrique importe 99% de ses vaccins et 80% de ses médicaments.

L’AMA a été adoptée par les chefs d’Etat et de gouvernement africains le 11 février 2019, une année avant l’apparition de la pandémie de Covid-19 qui a montré la nécessité pour le continent de disposer d’une telle structure. Le traité portant la création de l’agence a été ratifié par plus de 15 pays et est entrée en vigueur le 5 novembre 2021. Le Rwanda est le premier pays du continent à avoir ratifié l’accord portant sur la création de l’AMA en décembre 2019, suivi par le Mali en mai 2020. 

Notons que pour le pays choisi, outre le prestige d'abriter une importante institution dont le rôle est devenu aujourd'hui plus qu’essentiel, le siège permanent de l’AMA constituera un coup de pouce pour sa diplomatie sanitaire.

Par Moussa Diop
Le 01/06/2022 à 08h23, mis à jour le 01/06/2022 à 08h25