Covid-19: hausse des cas, variant Omicron et vaccination, voici la situation au Maghreb

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Le 16/12/2021 à 12h45, mis à jour le 16/12/2021 à 12h46

La Tunisie, l’Algérie et le Maroc ont enregistré leurs premiers cas d'Omicron dans un contexte de hausse des cas de Covid-19. Une situation qui pourrait accélérer la 4e vague de contagions. Et si les symptômes d'Omicron sont globalement bénins, l’accélération de la vaccination demeure nécessaire.

Concernant le nouveau variant, selon les médecins sud-africains, ce sont souvent les jeunes enfants qui n’ont pas été vaccinés qui finissent à l’hôpital. Il s’agit d’enfants âgés de 5 à 12 ans, un groupe qui n’a pas été vacciné en Afrique du Sud. Toutefois, leurs symptômes sont plus légers et différents de ceux du variant Delta. Il s’agit de symptômes proches de ceux de la grippe et les personnes contaminées ne perdent pas l’odorat ou le goût.

Ils expliquent qu’il existe également de nombreuses infections parmi les vaccinés, mais ces patients ne finissent généralement pas en soins intensifs, il n’y a pas de personnes placées sous respirateur et n’en meurent pas, pour le moment.

Toutefois, ils mettent l’accent sur la propagation du variant Omicon qu’ils jugent «incroyablement rapide». Selon Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), «Omicron se propage à un rythme que nous n’avons jamais vu avec aucun autre variant. Nous sommes préoccupés par le fait que les gens considèrent Omicron comme bénin. (…). Même si Omicron provoque des maladies moins graves, le nombre de cas pourrait une fois de plus submerger les systèmes de santé qui ne sont pas préparés».

Ainsi, en moins d’un mois après l’annonce de la détection du nouveau variant, plus de 80 pays de la planète ont désormais enregistré des cas du nouveau variant Omicron, détecté pour la première fois en Afrique du Sud. La propagation du nouveau variant serait d’ailleurs beaucoup plus importante sachant que de nombreux pays n’ont pas les capacités pour faire le séquençage nécessaire pour détecter le nouveau variant, sans compter le fait qu’étant globalement asymptomatique, de nombreuses personnes contaminées ne se font même pas diagnostiqués, pensant uniquement avoir chipé une grippe.

En tout cas, comme il fallait s’y attendre, les trois pays du Maghreb aussi ont fini par détecter le nouveau variant Omicron jugé beaucoup plus contagieux que tous les variants du virus Sars-Cov-2 découverts jusqu’à présent -Alpha, Beta et Delta.

Le Maroc, pays qui compte le plus grand nombre de personnes contaminées depuis l’apparition de la pandémie au niveau de la région, a enregistré son premier cas du Omicron le mercredi 15 décembre et ce, malgré la fermeture des frontières aériennes du pays depuis le 29 novembre dernier, en raison de la propagation rapide du variant Omicron du Covid-19 et de la recrudescence de la pandémie en Europe. Et selon les autorités marocaines, le premier cas d’Omicron ne provient pas de l’étranger. C’est dire que le variant est déjà présent dans le pays.

Et en raison de la détection du premier cas Omicron, les autorités marocaines ont décidé de mettre fin, jeudi 23 décembre, au dispositif permettant aux Marocains résidant effectivement au Royaume et bloqués à l’étranger de regagner le territoire national.

Il faut souligner que le Maroc est officiellement le second pays le plus touché par la pandémie en nombre d’infections au Covid-19 depuis l’apparition de la pandémie avec un cumul de 951.984 cas confirmés et 14.798 décès, derrière l’Afrique du Sud. Toutefois, il faut noter que les deux pays sont ceux qui ont réalisé le plus de tests Covid-19 au niveau du continent.

Le Royaume est aussi, avec les Seychelles et le Rwanda, parmi les pays qui ont le plus vacciné leur population. En effet, 22,8 millions de Marocains, soit 62% de la population totale du pays, ont été totalement vaccinés contre le Covid-19 et 2,16 millions de personnes ont déjà reçu une 3e dose du vaccin anti-Covid-19. Ce taux de vaccination permet d’atténuer la propagation de la pandémie et de réduire la survenance des cas graves pour les personnes contaminées.

Et afin d’immuniser davantage de Marocains, les autorités ont mis en place un pass vaccinal pour pousser davantage de citoyens à se faire vacciner.

La Tunisie, durement touchée par la 3e vague du Covid-19, est le premier pays du Maghreb à avoir enregistré un cas Covid-19 en février 2020. Il a aussi été le premier pays à avoir détecté le variant Omicron et ce, dès le 3 décembre courant.

Le pays a vu le nombre de cas croitre ces derniers jours pour dépasser les 300 cas à 317 contagions lors de la journée du 14 décembre, contre 163 la veille.

Avec l’apparition du variant Omicron, on craint l’accélération des contagions avec les risques de répétition du scénario de la 3e vague qui avait entrainé la saturation des structures hospitalières tunisiennes et entrainé de nombreux décès liés au Covid-19.

En attendant, la Tunisie a réalisé d’importantes avancées en matière de vaccination de sa population. En effet, 5,4 millions de Tunisiens ont été complètement vaccinés contre le Covid-19, soit 45,7% de la population totale du pays. Une situation qui devrait permettre au pays de faire face à la flambée des hospitalisations, comme ce fut le cas lors de la 3e vague à cause du variant Delta qui avait entrainé la saturation des unités hospitalières du pays et entrainé de nombreux décès. En effet, la Tunisie est le second pays ayant enregistré officiellement le plus de décès liés au Covid-19 au niveau du continent avec 25.443 morts, alors qu’il n’est que le 3e pays ayant enregistré le plus grand nombre de cas de Covid-19 depuis l’apparition de la pandémie sur le continent avec 719.903 cas cumulés.

En Algérie, où un premier cas du variant Omicron a été détecté le mardi 14 décembre, les autorités s’inquiètent depuis quelques jours de la hausse des nouveaux cas qui ont dépassé la barre des 200 cas quotidiens. Ainsi, lors de la journée du 15 décembre, 245 nouveaux cas ont été enregistrés, contre 230 la veille. Selon Pr Ryad Mehyaoui, membre du comité scientifique de suivi de l’épidémie du coronavirus, la 4e vague du Covid-19 s’installe désormais en Algérie. Il affirme que les hôpitaux algériens comptent actuellement près de 2.800 malades Covid-19 hospitalisés dont des dizaines d’entre eux sont admis en réanimation.

Et d’après Pr Rachid Belhadj, chef de service médecine légale au CHU Mustapha Bacha, «95% des patients Covid-19 qui développent des formes graves et qui sont actuellement hospitalisés en réanimation ne sont pas vaccinés. En revanche, les patients vaccinés et qui ont été contaminés durant cette période ont développé des formes mineures».

Ce qui inquiète les autorités algériennes, c’est le taux de vaccination contre le Covid-19 qui est encore faible. En effet, selon les autorités sanitaires du pays, 13 millions de doses ont été administrées, 5 millions de personnes ont été totalement vaccinées et 33.000 autres ont déjà reçu une 3e dose.

Du coup, avec un taux de vaccination faible de 11% (5 millions de personnes totalement vaccinées sur une population totale de 45 millions d’habitants), les experts algériens craignent que les contaminations des personnes non-vaccinées n’entrainent une nouvelle hausse des contagions et des hospitalisations.

Reste que pour les spécialistes, Omicron pourrait constituer un salut pour la population mondiale. En effet, si le variant est très contagieux, sa dangerosité n’est pas encore prouvée, contrairement au variant Delta. Mieux, les symptômes enregistrés jusqu’à présent dans presque tous les pays où le virus s’est propagé, plus de 80 pays, sont globalement jugés bénins. En Afrique du Sud, malgré l’explosion des contaminations, les hospitalisations demeurent globalement très basses comparativement au variant Delta. Et d’après les experts, le variant a tendance à devenir dominant, ce qui pourrait être une bonne chose s’il permet d’offrir une immunité aux personnes affectées.

Par Moussa Diop
Le 16/12/2021 à 12h45, mis à jour le 16/12/2021 à 12h46