Malgré les statistiques rassurantes livrées par les autorités, connues pour le bidouillage des tests et des cas de Covid-19 quotidiennement enregistrés, la situation sanitaire est jugée de plus en plus inquiétante par les autorités sanitaires elles-mêmes, qui redoutent que l'actuelle situation, déjà très préoccupante, empire dans les jours à venir.
Ceux-ci n’hésitent plus à démentir les chiffres des autorités, qui attestent de moins de 500 nouveaux cas par jour.
A Alger, les spécialistes du secteur de la santé sont unanimes à souligner que tous les établissements hospitaliers dédiés au Covid-19 sont en saturation, poussant les responsables à solliciter plus de lits et de personnels pour faire face à l’explosion des contagions.
Les malades arrivent donc en grand nombre et se retrouvent devant un corps médical démuni.
«Je viens tout juste de commencer mon service et je viens de voir 17 patients admis aux urgences, et ce, en l’espace de seulement de 40 minutes», a expliqué un médecin du service des urgences Covid-19 de l’hôpital Mustapha Bacha d’Alger, cité par Algérie 360, ajoutant que «tous les services sont au complet».
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D’ailleurs, selon le ministère de la Santé, le taux d’occupation des lits avoisine les 75% et dans certains établissements, ce taux est même à 100%. Le même ministère qui annonce quotidiennement des niveaux de contaminations faibles.
Pourtant, une alerte avait été donnée dès la mi-juin dernier par l’Institut national de santé publique (INSP), qui avait expliqué dans son bulletin épidémiologique que tous les indicateurs montraient que les contagions sont en hausse dans l'ensemble des régions du pays.
La situation ne concerne pas seulement l’hôpital Mustapha Bacha, comme en atteste une note envoyée aux directeurs des établissements de santé par le Directeur de la santé.
«Vous êtes instruits à l’effet de ne plus admettre d’hospitalisation hors Covid-19, à l’exception des extrêmes urgences, et rétablir progressivement la capacité en lits dédiés à la prise en charge des patients Covid-19, jusqu’à atteindre celle du 13 juillet 2020, au plus tard le jeudi 8 juillet 2021».
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Preuve supplémentaire que la situation épidémiologique est très sous-estimée, selon un médecin biologiste, cité par El Watan, «plus d’une centaine de prélèvement effectués en une journée sont positifs, que ce soit par test RT/PCR ou test antigénique».
Ce même médecin explique aussi que « tous ces nombreux cas que nous diagnostiquons ces derniers jours ne sont malheureusement pas comptabilisés ni tracés. Nous n’avons pas encore accès à la plateforme du ministère de la Santé alors que ce même ministère a envoyé une instruction en mars dernier à cet effet. Ces malades sont malheureusement dans la nature».
Pour le corps médical algérien, les contaminations seraient, au bas mot, de l'ordre de 2000 nouveaux cas quotidiens.
Il faut dire que cette explosion de cas ne concerne pas uniquement l’Algérie. C’est une tendance mondiale, et plusieurs pays du continent sont touchés par cette troisième vague de contagion au Covid-19.
Mais si dans d’autres pays de la région (Maroc et Tunisie) et du monde, les autorités sont transparentes et alertent la population quant à de possibles dangers, en Algérie, les dirigeants continuent à sous-estimer les contagions. Une situation qui peut inciter la population à minimiser les dangers, en s’appuyant sur de faux chiffres de contagion.
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Les chiffres des autorités laissent en effet penser à une stabilité de la pandémie, alors que celle-ci explose, favorisée pas un non-respect des gestes barrières par la population.
Cette explosion des contagions s’explique, comme un peu partout dans le monde, par les effets des ouvertures des frontières, les effets des variants, notamment le variant indien et l’assouplissement des mesures restreignant les regroupements publics, le non-respect des gestes barrières, le faible taux de vaccination de la population, etc. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la campagne de vaccination en Algérie est actuellement très en retard par rapport aux objectifs qui avaient été préalablement fixés.