En plus d'avoir rendu le pays presque ingouvernable, la crise économique et financière est en train de créer une véritable paranoïa au sommet de l'Etat algérien. En effet, le Président Abdelmadjid Tebboune lui-même vient d'indexer trois entreprises algériennes qu'il accuse de faits extrêmement graves.
En effet, selon la presse locale, en l'occurrence, les sites d'information Tout sur l'Algérie, Algérie360 et AlgérieEco, les noms précis de ces entités sont apparus "dans une instruction présidentielle adressée au Premier ministre, aux membres du gouvernement et aux responsables des entreprises du secteur public marchand". Pis, par pays "hostiles", le chef de l'Etat algérien entend d'abord le Royaume du Maroc, qui est également nommément cité.
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Selon Tout sur l'Algérie, on peut lire dans ladite instruction présidentielle, qu'en ce qui concerne les entreprises, "il s'agit notamment de la Société algérienne d’assurances (SAA) et la Compagnie algérienne d’assurance et de réassurance (CAAR) «qui ont établi des contrats avec des entreprises d’origine marocaine", et "Djezzy dont la publicité est assurée par des sociétés proches de lobbies étrangers haineux vis-à-vis de l’Algérie".
En réalité, l'objet de la colère présidentielle est l'utilisation depuis 2006 du progiciel Otass développé par la société marocaine Orsys.
Toujours d'après cette première source, la raison de la paranoïa du Président algérien serait l'utisation par ces compagnies d'assurance d'un système d'informations fourni par une entreprise marocaine, alors que des concurrents algériens seraient capables d'en offrir un similaire. Mais, il pourrait aussi s'agir d'une fausse piste, puisque Tebboune lui-même donne une précision sur la raison de cet accès subite de délires.
En effet, dans l'instruction qui fera date, il dit qu'il sagit "le plus souvent de contrats qui génèrent des sorties de devises vers l’étranger pour des prestations à peine moyennes que des entreprises algériennes peuvent prendre en charge aisément".
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Mais, surtout, il prend le risque de se rendre coupable d'interdire illico presto, et contre toutes les règles de commerce international, les transferts de devises qui pourraient être liés à ces contrats. En effet, il assure avoir donné instruction au ministre des Finances "pour que ne soit transféré à l’étranger aucun dividende lié à de tels contrats qui doivent être résiliés sur le champ".
Et plus généralement, Tebboune interdit désormais, en filigrane, aux entreprises algériennes de commercer avec leurs partenaires marocains.
Ainsi, écrit-il dans cette instruction que, «eu égard aux effets négatifs de ces pratiques qui tendent à se généraliser», tous les responsables concernés des entreprises ont désormais l'obligation «de mettre un terme à ce type de rapports dans un délai maximum de dix (10) jours», «de faire preuve, à l’avenir, de plus de responsabilité et de circonspection dans leurs relations avec leurs partenaires étrangers», et de veiller «en toutes circonstances à la préservation des intérêts supérieurs de l’Etat».
Il ne termine pas sans mettre en garde contre toute défaillance dans la prise en charge de son instruction. Toute action contrevenant à cette décision «sera considérée comme relevant de la concussion et de la complicité et sera traitée en tant que telle, conformément à la législation en vigueur», rapportent ces sources.