"On est fatigué de vivre dans le noir, d’importer 35 milliards de dollars de nourriture par an, de vendre des matières premières agricoles sans les transformer". Dans un français teinté d’un fort accent anglophone, Akinwumi Adesina, président de la BAD, a dit tout ce qu’il pensait des principaux maux qui freinent le développement du continent africain. Le ton est donné.
Venu présider les travaux de la deuxième assemblée générale du Fonds Africa 50, jeudi 21 juillet 2016, à Casablanca, le Nigérian Adesina a également rencontré la presse internationale et marocaine. Pour sa première visite officielle au Maroc, Adenisa a presque éclipsé la présence du directeur général du Fonds Africa 50, nommé en avril dernier, le Camerounais Alain Ebobisse.
Convaincre de nouveaux actionnaires
C’est l’occasion pour lui de rappeler que le Fonds Africa50, destiné à financer les infrastructures, dispose déjà d’un capital de 740 millions de dollars, environ 440 milliards de Fcfa. L’une des principales décisions de cette assemblée générale est de lever 1 milliard de dollars dans les six prochains moins. Objectif plus qu’atteignable pour le président de la banque panafricaine. Il y a d’abord les actionnaires privés, notamment internationaux, mais aussi les banques centrales qui sont intéressés.
Il a notamment appelé les Africains à croire en eux-mêmes et à dupliquer les exemples de réussite sur le continent, lesquels exemples montrent qu’il est possible d’y arriver. C’est le cas notamment de la Centrale solaire thermique de Noor à Ouarzazate qui est la plus grande jamais construite dans le monde avec cette technologie. "Sur 3000 hectares, une capacité de 580 MW et 2000 MW à l’horizon 2020", ces chiffres montrent bien que le continent est capable de relever le défi de son développement, a-t-il expliqué.
22 milliards de dollars pour l’agriculture
Il faut rappeler que lors de sa dernière assemblée générale, la Banque africaine de développement avait dévoilé son programme qui tourne autour de cinq points principaux, notamment électrifier l’Afrique, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique, améliorer la qualité de vie des ménages du continent. Adenisa a notamment expliqué qu’il est temps que l’Afrique arrête d’importer sa nourriture. Si rien n’est fait à l’horizon 2055, ce ne sont plus 35 milliards de dollars, mais 105 milliards de dollars de nourriture qui seront importés par le continent.
La Banque africaine de développement a les moyens de ses ambitions. Pour l’énergie électrique, la Banque prévoit d’injecter 5 milliards de dollars dans les 5 prochaines années. Ce qui générera, par effet de levier, plus de 40 milliards de dollars d’investissement notamment par le secteur privé. Concernant, l’agriculture la Bad prévoit de déployer 22 milliards de dollars en fonds propres pour accompagner les Etats africains dans leur politique agricole respective, d’ici 2025.