Sommet UE-UA. Abidjan: une ode à l'action, après l'engagement de Mohammed VI à Addis Abeba

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Le 01/12/2017 à 19h21, mis à jour le 01/12/2017 à 19h23

En réintégrant l'Union africaine, en janvier dernier à Addis-Abeba, le Maroc a promis d'insuffler un nouveau dynamisme au continent. A bien des égards, Abidjan a été l'occasion de transformer les paroles en actes.

Abidjan était sans doute le premier grand rendez-vous africain pour le Maroc depuis sa réintégration à l'Union africaine en janvier dernier. L'occasion d'expérimenter la déclaration de bonne volonté de ce membre fondateur de l'Organisation de l'unité africaine, ancêtre de l'Union actuelle.

Mohammed VI avait débuté son discours d'Addis Abeba par l'expression d'un sentiment bien partagé qui avait marqué l'assistance. "Vous M’avez tous manqué", avait-il dit. Mais, ses pairs chefs d'Etat avaient également retenu les engagements qu'il faisait prendre au Maroc. Visiblement, depuis ce jour historique, on va de confirmation en concrétisation, aussi bien sur le volet du sentiment, qui sur celui de l'action. 

L'entretien, qualifié de cordial et de fructueux, entre Mohammed VI et le président sud-africain Jacob Zuma, aura d'ores et déjà permis d'écarter tout doute sur l'éventualité qu'une mésentente entre le royaume et les soutiens du Polisario freine la construction d'une véritable union en Afrique. En effet, la rencontre entre les deux chefs d'Etat est venue mettre fin à treize ans de froid diplomatique entre le Maroc et l'Afrique du Sud. La poignée de main entre Zuma et Mohammed VI a permis de rapprocher le Cap Spartel de Cape Town, au grand dam de ceux qui prédisaient le contraire.

Une première action suivie par une autre, tout aussi importante, lors du sommet Union européenne-Union africaine. En effet, le sommet d'Abidjan a permis de concrétiser la promesse faite par le roi Mohammed VI devant ses pairs à Addis-Abeba, en janvier dernier, lors de la réadmission du Maroc au sein de l'organisation continentale. Appelant à témoin l'organe suprême de l'Union africaine, le roi du Maroc l'avait apostrophé en ces termes: "Vous le constaterez: dès que le Royaume siègera de manière effective, et qu’il pourra apporter sa contribution à l’agenda des activités, son action concourra, au contraire, à fédérer et à aller de l’avant".

En effet, le royaume a décidé de mettre à la disposition de la task-force sur la Libye des avions C130, qui permettront de commencer le rapatriement, dans les meilleurs délais, des migrants africains en situation difficile.

Parmi les pays ayant pris part à la réunion cruciale sur la Libye, qui s'est tenue en marge du sommet Union africaine-Union européenne, le Maroc n'était pas celui qui dispose de la plus importante flotte aérienne. Il n'est pas non plus le plus riche d'entre eux. A ses côtés siégeaient la France et l'Allemagne, mais également l'Italie et l'Espagne. Au niveau africain, des pays comme l'Afrique du Sud, le Nigeria, l'Egypte, l'Algérie voire l'Angola et la Libye étaient en mesure de prendre une décision similaire. Aucun d'entre eux ne l'a fait, ce qui laisse penser que c'est la volonté d'agir et l'humanisme, si chers au roi du Maroc, qui ont fait la différence.

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Au-delà de la promesse faite à Addis-Abeba, les récents discours de Mohammed VI consistent souvent en odes à l'action. Lors du week-end de la Gouvernance de la Fondation Mo Ibrahim, qui s'est tenu à Marrakech en avril dernier, il appelait les pays africains à agir ensemble, au lieu de continuer à ne penser qu'aux intérêts nationaux. "Unis et solidaires, nous gagnerons la bataille du développement inclusif", disait-il. Dans le même sillage, il mettait en garde contre le réflexe d'autarcie qui a tant nui au continent: "A défaut, nous continuerons d’agir, avec plus ou moins de succès, au sein de nos frontières nationales, sans jamais affronter les défis qu’ensemble nous pourrions relever, sans jamais bénéficier des fruits additionnels et indispensables d’une co-émergence durable".

A Abidjan, c'est cette même exhortation à l'intervention qui a ponctué son discours. "Nous le répétons: l’heure est à l’action. Peut-on trouver des solutions efficaces ou sommes-nous condamnés à rester dans une logique de méfiance? Je l’affirme avec force: nous pouvons agir. Mais nous ne pouvons pas tout faire, et surtout nous ne pouvons le faire seuls: la politique européenne en la matière devrait évoluer".

Ce qui est clair, c'est avec Abidjan que le grand retour du Maroc s'est traduit en actions multiples, au point où l'on arrive à penser que, finalement, c'est le Maroc qui avait manqué à l'Union Africaine. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 01/12/2017 à 19h21, mis à jour le 01/12/2017 à 19h23