Face aux flux de migrants qui sont loin de tarir, l’Europe cherche des solutions en dehors du Vieux continent, notamment en demandant aux pays africains de lui servir de gendarme. Le Niger, pays de transit des migrants subsahariens en route vers l’Europe, a été le premier à être sollicité par l’Union européenne, notamment la France, pour ouvrir des centres de tri des migrants sur son sol, au nom de la lutte contre le trafic d’être humains.
Depuis 2016, ce pays sahélien dispose d’un centre sur son sol, où des fonctionnaires de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides, dépêchés sur place, trient les dossiers des migrants en collaboration avec l’Organisation internationale des migrants et le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR).
Face au succès relatif d’un tel procédé, les pays de l’Union européenne ont opté, lors du Conseil européen des jeudi 28 et vendredi 29 juin, «d’explorer le concept de plateformes de débarquements régionales». Une approche qui a été ébruitée il y a quelques jours, et visant à installer des centres de rétention dans un certain nombre pays du Maghreb.
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Le Maroc, la Tunisie et la Libye étaient ciblés par l'Union européenne. Rabat a naturellement opposé un niet catégorique à toute proposition visant à créer des centres de tri sur son territoire. Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale du Royaume du Maroc, a expliqué que le Maroc rejette et a toujours rejeté ce genre de méthodes pour la gestion de la question des flux migratoires», ajoutant que ces centres «sont des solutions faciles et des mécanismes contreproductifs», lors d’un point de presse avec son homologue espagnol Josep Borrell. Ce dernier a reconnu que «la position du Maroc sur ces centres de rétention est claire. Il la rejette et a toujours rejeté ce type de méthode pour la gestion du problème».
De ce fait, l’Union européenne compte sur le Niger qui, contrairement à tous les pays africains, a accepté d’expérimenter ce concept en 2016 en créant des Centres d’enregistrement des demandeurs d’asile sur son sol.
Le choix du pays n’est pas anodin. En effet, sur la période 2015-2016, le pays enregistrait quelque 100.000 migrants au niveau de la ville d’Agadez, carrefour incontournable des migrants avant de rejoindre la Libye ou l’Algérie, pays d'escale vers l’Europe.
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Selon les statistiques de l’Office internationale des migrations (OIM), ce flux a fortement chuté en 2017 en tombant à 20.000, grâce notamment au tri fait au niveau des centres spécialisés implantés au Niger, et à une lutte acharnée contre les réseaux de passeurs. Une politique qui a permis d’anéantir tout le système bâti au cours de ces dernières années par les réseaux de traite d’êtres humains.
C’est ce relatif succès qui pousse l’Union européenne à vouloir étendre ces centres à d’autres pays africains pour la sous-traitance du flux migratoire, et ce à un moment où le Vieux continent se barricade de plus en plus sous l’effet de la montée des partis populistes.
Seulement, pour le Niger, ces centres attirent malheureusement de milliers de nouveaux migrants venant du Soudan, du Darfour et de l’Erythrée qui fuient les conflits et les dictatures à la recherche du statut de réfugiés politiques.
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Toutefois, l’obtention du statut de refugié se fait au compte-gouttes dans ces centres. Ainsi, à peine quelques dizaines de migrants ont vu leurs dossiers acceptés par les autorités françaises. Une situation qui a poussé les autorités tchadiennes à refuser l'ouverture de tels centres sur leur territoire.
Bref, la nouvelle proposition de l'Union européenne visant à filer aux pays africains le problème de gestion des flux migratoires n'a pas fait recette, en dépit de moult pressions. Comme l'avait bien souligné le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale du Maroc, en mai dernier à Marrakech, en marge d'une rencontre euro-africaine sur la migration, les pays africains ne sont pas des gardes-frontières", mais "des partenaires" et le problème de migration nécessite "une approche globale". L'Union européenne semble ne pas avoir compris cette réalité.