Le Marocain Saham Finances entre dans le capital du groupe Sunu ”par effraction”!

Pathé Dione, président directeur général et fondateur du Groupe Sunu.

Pathé Dione, président directeur général et fondateur du Groupe Sunu. . DR

Le 05/07/2017 à 18h17, mis à jour le 05/07/2017 à 18h22

Saham Finances entre dans le tour de table du groupe d’assurance Sunu. Toutefois, l’acquisition d’une participation minoritaire de 4,3% de cet assureur panafricain est loin de faire l’unanimité des actionnaires qui parlent d’une entrée "par effraction". Explications.

L’audace et le flair sont des qualités que beaucoup reconnaissent à My Hafid Elalamy, patron du groupe Saham et actuel ministre marocain de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique.

Ses multiples acquisitions, aussi bien au Maroc qu’en Afrique subsaharienne, attestent de ses qualités. Il s’est bâti aujourd’hui un empire au Maroc et en Afrique à coup d’acquisitions, notamment au niveau de son secteur de prédilection: les assurances.

Ainsi, sur le continent africain, après la prise de contrôle du groupe Colina et de multiples acquisitions de compagnies d’assurance, le groupe de Moulay Hafid Elalamy souhaitait faire un gros coup en rentrant dans le tour de table d’un autre grand groupe d’assurance africain, le groupe Sunu, présent dans 15 pays du continent via 24 compagnies d'assurance Vie et non-Vie. Un groupe convoité par de nombreux acteurs du secteurs dont les leaders du secteurs des assurances marocaines.

Et après des tentatives infrictueuses, le patron de Saham Group a fini par trouver la brèche pour entrer dans le capital de cette compagnie africaine avec une participation minoritaire.

Seulement, pour les actionnaires majoritaires du groupe, cette entrée dans le capital du groupe Sunu par le groupe Saham Finances s’est faite ”par effraction”, car sans leur consentement préalable.

Ainsi, comme l'explique le communiqué de Sunu Finances Holding, les actions acquises par le groupe de Moulay Hafid étaient détenues par Mamadou Talata Doula qui a exercé au sein du groupe Sunu jusqu’en 2011, date de son départ à la retraite. Celui-ci sera recruté par Saham Finances qui l’a nommé directeur général de sa nouvelle filiale nigérienne en 2013. 

Seulement, Talata Doula détenait à son départ une participation historique de 4,3% dans le du Groupe Sunu. Selon le communiqué du Groupe, «après avoir demandé à plusieurs reprises au Conseil d’administration de Sunu Finances l’autorisation de céder sa participation, autorisation qui lui a été donnée et qui fut même l’objet d’un projet de cession, il changea d’avis à la dernière minute pour décider finalement, le 8 mars 2016, avec l’accord du Conseil d’administration de Sunu Finances, de loger ses actions dans une société de holding qu’il a reprise à l’île Maurice: First engineering management consultants (FEMC)».

Et la surprise des dirigeants du groupe Sunu fut grande quand Talata Doula leur a adressé un mail le 06 juin 2017 pour les informer du transfert de la totalité des actions (2 portefeuilles de 10 actions chacun) qu’il détenait dans FEMC (société écran) à Saham Finances.

Pour les dirigeants du groupe Sunu, la situation est claire. Tout ce détour n’a été qu’un simple subterfuge avec création d’une société d’écran pour faire entrer le groupe Saham dans le capital de Sunu.

Ainsi, grâce à cet ingénieux montage, la compagnie d’assurance marocaine est devenue actionnaire du groupe Sunu à hauteur de 4,3%.

Ce procédé n’a pas été du goût des actionnaires du groupe Sunu et plsu particulièrement de son PDG et fondateur qui soulignent dans leur communiqué «qu’un tel procédé n’a pu se réaliser sans l’aval de Moulay Hafid Elalamy».

Ainsi, selon les actionnaires du Groupe Sunu, le groupe Saham est entré «par effraction» dans le Groupe Sunu Finances.

Tout en déplorant la méthode utilisée, les actionnaires du Groupe Sunu, dans leur majorité expliquent que le Groupe Saham Finances n’est pas le bienvenu dans le tour de table. «Si on choisit de rentrer par effraction chez un concurrent, il ne faut pas s’attendre à y être bien accueilli!», soulignent-ils dans leur communiqué.

L’ire des actionnaires s’explique par le fait que les deux groupes sont des concurrents directs sur de nombreux marchés. Les deux groupes sont présents ensemble dans 14 pays. Et en détenant une participation minoritaire dans le capital de Sunu, le groupe marocain pourrait en savoir davantage sur la stratégie d’un concurrent, comme lui, bien implanté en Afrique subsaharienne et qui y poursuit son développement.

Reste que si cette cession n’est pas interdite par le pacte d’actionnaires, elle n’est en rien illégale. En conséquence, le ton du communiqué semble cacher d’autres craintes. En effet, avec sa force de frappe, les actionnaires du groupe Sunu redoutent certainement que le groupe Saham se livre à une véritable OPA sur leur compagnie.

Une chose est sûre, le groupe Saham ne se contentera pas d’une participation de 4,3% dans le Groupe Sunu. Une montée dans le tour de table via des acquisitions de participations minoritaires sera certainement l’option choisie pour monter dans le capital de ce groupe. Une option qui risque d'aiguser l'appétit d'autres groupes d'assurance marocaines à la recherche de relais de croissance.

Il faut souligner que le groupe Sunu fait l’objet de convoitises de la part des groupes BMCE Bank of Africa et Attijariwafa bank, via leurs filiales d’assurance, selon la presse sénégalaise.

Par Moussa Diop
Le 05/07/2017 à 18h17, mis à jour le 05/07/2017 à 18h22