A Berlin, pendant deux jours, Angela Merkel a réuni un riche panel de chefs d'Etat africains, allant d'Abdelfettah Al Sissi d'Egypte à Macky Sall du Sénégal, en passant par Paul Kagamé du Rwanda, Béji Caïd Essebsi de la Tunisie, Alpha Condé de la Guinée, également président de l'Union africaine, Alssane Ouattara de la Côte d'Ivoire, Nana Akufo-addo du Ghana.
Parmi les invités, il y avait également Christine Largade, patronne du FMI et son homologue de la Banque mondiale Jim Yong Kim présent à cette rrencontre des 12 et 13 juin. A l'ordre du jour de ce mini-sommet, il y avait la réduction de la pauvreté et la limitation des flux migratoires. Mais Merkel a un plan pour l'Afrique qu'elle entend déployer à la manière des Germaniques, avec méthode.
Compact avec l'Afrique, un contrat-programme
Pour le moment, ils sont 5 pays africains qui sont sélectionnés par l'Allemagne pour bénéficier du programme de la Chancelière Angela Merkel destiné à l'Afrique et dénomé Compact avec l'Afrique.
Il s'agit du Maroc, du Sénégal, de la Tunisie, de la Côte d'Ivoire et du Rwanda qui ont été les premiers à manifester leur intérêt pour ce programme en écrivant à Wolfgang Schaüble, ministre allemand des Finances. C'est ce qui explique qu'au sommet du G20 Finances de Baden Baden en mars dernier, c'est ce groupe de pays qui avait été représenté.
Lire aussi : Macky Sall au G20: «le Sénégal est libre dans le choix de ses partenaires»
Mais, in fine, le programme sera étendu à tout le continent. L'objectif étant d'accroître les investissements du secteur privé en créant les infrastructures nécessaires et en réformant. La croissance qui en découlera permettra de créer suffisamment d'emplois, réduire la pauvreté et augmenter les revenus des Etats africains. En somme, il s'agit surtout d'agir sur l'environnement des affaires afin de favorise l'arrivée des investissements privés des entreprises et ressortissants des pays du G20.
Les cinq premiers pays qui forment le bloc initial des C5 (Compact 5) travailleront de concert avec le G20, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque africaine de développement afin de convenir des actions à entreprendre pour chacun d'eux. Cette démarche sera élargie à l'ensemble des pays du continent, sachant qu'il est plus facile d'agir dans les pays stables et ayant déjà entrepris des réformes pour l'amélioration de leur climat des affaires. Ce qui est le cas de ce premier échantillon du C5.
130 milliards par an pour accompagner l'Afrique
En fait, Angela Merkel, qui assure la présidence du G20 pour une année, veut que les pays développés accompagnent le continent pour qu'il assure son développement. Cela passe par la mobilisation de 130 milliards de dollars par an, une somme relativement modeste à l'échelle du continent et au vu des moyens colossaux dont disposent les pays du G20. A titre d'exemple, les Etats-Unis ont un PIB de 19.377 milliards de dollars (MM$), la Chine 12.362 MM$, le Japon 5.106 MM$, l'Allemagne 3.619 MM$.
130 milliards de dollars, c'est juste l'équivalent de l'aide publique au développement, ce qui laisse penser que sa mobilisation reste possible pour accompagner le continent, surtout si cela s'effectue dans le cadre d'un contrat-programme.
Lire aussi : Le Sénégal, L’Egypte et le Tchad au sommet du G20
Les pays africains en ont besoin pour accélérer leur programme d'infrastructures et faire face au défi d'offrir suffisamment d'emplois à une population de quelque 2,5 milliards d'habitants à l'horizon 2050. Car dans près de 35 ans, le nombre d'Africains vivant sur le continent aura presque doublé par rapport à son niveau actuel. Pour l'Europe l'immigration est déjà une gageure, qu'en sera-t-il si rien n'est fait dans les années à venir pour développer l'Afrique?
En tout état de cause, cette approche "Compact avec l'Afrique" facilitera à la BAD le refinancement auprès des partenaires du G20. Pour elle qui cherche à séduire de plus en plus les fonds étrangers afin de les orienter vers ses cinq priorités, l'enjeu est de taille. Concernant les pays du G20, c'est une manière dobtenir la garantie que les fonds iront prioritairement dans les réformes et les infrastructures.