Déjouant les prévisions, dont ceux de la Banque mondiale et d’autres institutions, qui avaient prédit de fortes chutes des transferts des migrants, à cause de la pandémie du Covid-19, ces mêmes transferts de migrants d’Egypte, du Maroc et de la Tunisie, via des canaux officiels, ont fortement augmenté au cours de ces deux dernières années, marquées par la pandémie du Covid-19.
A commencer par l’Egypte, le premier pays récipiendaire de transferts de migrants en Afrique. En 2020, mais aussi en cette année 2021 en cours, les transferts des migrants du pays ont atteint le niveau record de 28,5 milliards de dollars (montant arrêté à fin mai 2021, à un mois de la fin de l’exercice 2020-2021). Il s’agit là d’une hausse de 13% (soit de 3,3 milliards de dollars), par rapport à leur niveau de la même période au cours de l’exercice précédent. En 11 mois, les transferts de la diaspora égyptienne ont ainsi dépassé ceux de l’exercice 2019-2020, pourtant déjà records historiques, avec une somme globale ayant atteint 27,8 milliards de dollars.
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Pour le Maroc, aux termes des 7 premiers mois de l’année 2021, les envois des Marocains du monde ont augmenté de manière exceptionnelle, passant de 37,1 milliards de dollars au titre des 7 premiers mois de 2020, à 54,02 milliards de dollars à fin juillet 2021, soit une hausse exceptionnelle de 45,6%, ou plus de 16 milliards de dirhams additionnels. Un niveau beaucoup plus élevé que ceux enregistrés en 2018 et 2019, donc, bien avant le déclenchement de la crise sanitaire du Covid-19.
Si le rythme des transfert de la diaspora marocaine se poursuit, on devrait enregistrer un niveau record d’envois de fonds des migrants marocaines en 2021. Toutefois, avec le retour massif des Marocains du Monde grâce aux initiative des autorités, il est forte probable que le rythme des transferts ralentisse durant le second semestre, à cause de leurs importantes dépenses réalisées au Maroc.
Pour la Tunisie aussi, les transferts de la diaspora ont très fortement augmenté. A la fin du mois d’août dernier, selon les données de la Banque centrale de Tunisie, ils ont atteint 5,33 milliards de dinars, soit 1,91 milliard de dollars, en hausse de 37% par rapport à la même période, l’année dernière.
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Au même titre que l’Egypte, et très probablement aussi du Maroc, les transferts de la diaspora tunisienne vont atteindre cette année encore un niveau historique, sachant que l’année dernière ils avaient déjà atteint 5,8 milliards de dinars tunisiens.
Il est donc évident que les transferts des diasporas de la région viennent démentir les projections de la Banque mondiale et d’autres institutions, qui avaient prédit des reculs notables des envois des migrants de la région.
Déjà, en 2020, la Banque mondiale avait prédit une chute de -22% des transferts des migrants africains, par rapport à leur niveau de 2019. Pourtant, dans ces trois pays, les transferts de leur diaspora ont fortement augmenté, avec des hausses de 10,45%, à 29,6 milliards de dollars pour l’Egypte, de 10,45%, à 7,4 milliards de dollars pour le Maroc, et 10,53%, à 2,1 milliards de dollars, pour la Tunisie.
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C’est là une véritable aubaine pour les pays de la région, quand on sait l’importance de ces transferts sur les indicateurs économiques et sur la société.
Sur un plan purement économique, en ce qui concerne l’Egypte, les envois de fonds de sa diaspora sont ainsi devenus la première source de devises du pays, devançant les recettes d’exportation (26,4 milliards de dollars pour l’exercice 2019-2020), et ce, d’autant que le volume réel des transferts formels et informels est supérieur aux données officielles.
Ils constituent ainsi des apports importants pour les réserves en devises de l’Egypte, du Maroc et de la Tunisie, surtout dans un contexte marqué par la chute des recettes touristiques, dont ces trois pays figurent parmi les grands bénéficiaires en Afrique, et qui atténuent les déficits des balances des opérations courantes des pays de la région. Mais au-delà des impacts macroéconomiques, ces transferts constituent des bouées sociales pour de nombreuses familles de migrants restées au pays.
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Comment expliquer ces hausses des transferts dans un contexte globalement défavorable à cause de la pandémie du Covid-19 et de ses impacts sur les économies des pays d’accueils et sur les migrants?
Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer la hausse des transferts de la région, dans cet environnement défavorable, caractérisé par la pandémie du Covid-19 et ses nombreuses répercussions socio-économiques. En premier lieu, ces transferts qui augmentent s’expliquent d’abord par le fait que les migrants de la région ont été globalement peu impactés par les effets de la crise dans leur pays d’accueil, notamment grâce aux mesures de soutien budgétaire, qui ont atténué les effets de la crise sanitaire.
Ensuite, il y a l’effet d’une solidarité familiale grandissante au cours de cette période de pandémie du Covid-19, marquée par des baisses de revenus pour de nombreuses familles à cause des confinements successifs, et donc de l’arrêt de certaines activités, ce qui a accru le nombre de chômeurs.
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En conséquence, certains migrants ont été dans l’obligation d’accroître les montants qu’ils transféraient déjà à leur famille, afin de maintenir leur pouvoir d’achat dans un contexte de hausse des dépenses, notamment liées à la hausse du prix de certaines denrées alimentaires.
De plus, ayant l’habitude de revenir durant les vacances, de nombreux migrants, empêchés de voyager dans leur pays à cause des restrictions au voyage, ont transféré une partie de leur épargne qui leur servait à passer leurs vacances.
Par ailleurs, ces hausses s’expliquent aussi par les efforts qui ont été accomplis par les organismes de transfert d’argent et les institutions financières au niveau des coûts de transfert d’argent, dans le but d’encourager les transferts des migrants au cours de cette période de crise sanitaire. Ces réductions de coûts sont donc à l’origine du déplacement des flux de transfert des canaux informels vers les circuits formels, et l’utilisation grandissante de la voie numérique plutôt qu’en liquide. Cette nouvelle donne tend ainsi à augmenter le montant des transferts officiels, grâce à la réduction des transferts informels, qui sont globalement importants.
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Une situation qui est notamment valable dans les du Golfe, où se concentre une partie importante de la diaspora égyptienne. Les Egyptiens, communauté fortement présente dans ces pays, ont ainsi pu bénéficier de taux très bas, aux alentours de 3% dans certains corridors. Les migrants ont donc été ainsi fortement encouragés à recourir aux canaux formels, sachant que les coûts constituent un obstacle au transfert d’argent via les canaux officiels.
De même, les restrictions aux voyages à cause de la crise sanitaire ont fortement limité le transport de devises par les voyageurs de manière informel au profit des canaux officiels.
Enfin, certains migrants ayant épargné durant cette pandémie du fait des restrictions sanitaires, qui ont tendance à réduire les dépenses, en ont profité pour réaliser des investissements dans leur pays d’accueil, en acquérant notamment des biens immobiliers, alors que les prix de ceux-ci ont globalement baissé.