Egypte: en pleine pandémie du Covid-19, les transferts de la diaspora ont atteint un niveau record

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Le 29/10/2020 à 13h35, mis à jour le 29/10/2020 à 15h04

Selon les données de la Banque centrale d’Egypte, les transferts de migrants égyptiens ont atteint un niveau record en 2019-2020. Une situation qui contraste fortement avec les projections avancées par les institutions qui recensent les transferts des migrants, dont la Banque mondiale.

En dépit des projections alarmistes des institutions comme la Banque mondiale sur la baisse des transferts des migrants à cause de l’impact de la pandémie du coronavirus sur les migrants, l’Egypte semble épargnée par le phénomène.

Du moins, en tous cas jusqu’à la fin du premier semestre 2020, si l’on en croit les données préliminaires de la Banque centrale d’Egypte (CBE) révélées hier, mercredi 28 octobre 2020. Il en ressort que les envois de fonds des Egyptiens travaillant à l’étranger ont fortement augmenté en juin 2020, de l'ordre de 33,7%, à 2,6 milliards de dollars, comparativement à la même période de l’année précédente (1,9 milliard de dollars).

Cette forte hausse des transferts durant le mois de juin a permis de compenser en partie le net recul des transferts enregistrés en avril et mai derniers. Du coup, durant le dernier trimestre –avril, mai et juin– le recul de ces transferts a été de 10,5% à 6,2 milliards de dollars, contre 6,9 milliards pour la même période de l’exercice précédent. Cette période (avril et mai) coïncide avec le pic de la pandémie dans les pays du Golfe, où se concentre une bonne partie de la diaspora égyptienne, dont certains membres ont été obligés de rentrer en Egypte.

Il faut noter que sur l’exercice 2019-2020, ces transferts avaient atteint un niveau historique de 27,8 milliards de dollars, contre 25,2 milliards de dollars au cours de l’exercice 2018-2020, soit une hausse annuelle de 10,32%.

Comment expliquer une telle situation alors que toutes les projections des institutions spécialisées dans la collecte de données relatives aux transferts des migrants annonçaient des baisses significatives de leurs transferts, à cause des effets de la pandémie du Covid-19?

Cette situation peut s’expliquer par le fait que les migrants égyptiens du Golfe sont moins affectés par l’impact de la pandémie et peut-être aussi par un effort supplémentaire des migrants égyptiens en vue de soutenir davantage leurs familles en Egypte, confrontées à la crise économique consécutive à l’impact de la pandémie sur de nombreux secteurs, particulièrement celui du tourisme. 

Pour rappel, selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA), les transferts de fonds en Afrique par la diaspora pourraient diminuer de 21% en 2020, comparativement à 2019, et descendre à 67 milliards de dollars. Au niveau international, la Banque mondiale a prédit une baisse des transferts d’environ 20% en 2020 à 445 milliards de dollars.

L’Egypte figure parmi les plus grands pays bénéficiaires de transferts de migrants dans le monde et se positionne au premier rang au niveau africain devant le Nigeria et le Maroc avec des montants respectifs de 26,8 milliards de dollars, 23,8 milliards de dollars et 6,7 milliards de dollars en 2019.

Ces transferts de la diaspora contribuent grandement à l’amélioration des réserves de change de l’Egypte, loin devant les recettes de voyages, les revenus du canal de Suez, les recettes d’exportations et les flux d’Investissements directs étrangers (IDE).

Par Moussa Diop
Le 29/10/2020 à 13h35, mis à jour le 29/10/2020 à 15h04