Si une décrue de contagion est signalée un peu partout dans le monde, au niveau du continent africain, des signes d’inquiétude sont perceptibles depuis quelques jours dans de nombreux pays.
La situation est telle que le bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a alerté, ce jeudi 17 juin, sur la gravité de la situation en sollicitant l’approvisionnement du continent en vaccins.
Si certains pays ont déjà connu la troisième vague, notamment ceux du Maghreb -Maroc, Algérie et Tunisie-, pour la majorité des pays africains, c’est maintenant que celle-ci se manifeste et s’accélère, se rapprochant du pic de la première vague, soit plus de 120.000 cas hebdomadaires enregistrés en juillet 2020 et dépassant la moitié du pic de la seconde vague de plus de 224.000 cas hebdomadaires de janvier 2021, selon Dr Matshidiso Moeti, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, lors d’un point de presse en visioconférence depuis Brazzaville (Congo). Plus de 116.500 cas ont été enregistrés durant la semaine écoulée.
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Le continent est le seul a enregistré une augmentation du nombre de cas de Covid-19 de semaine en semaine, alors que le nombre d’infections continue de baisser dans le reste du monde.
Du coup, l’Afrique a dépassé le cap des 5 millions de contaminations avec 5,18 millions de cas de Covid-19 enregistrés officiellement pour 136.674 décès. A noter que cette 3e vague est portée par 5 pays: l’Afrique du Sud avec 43% des cas enregistrés, la Tunisie qui est à sa 4e vague, la Zambie, l’Ouganda et la Namibie. Toutefois, dans 22 pays africains, les cas ont augmenté de plus de 20% au cours de la semaine écoulée. La RD Congo, la Namibie et l’Ouganda ont enregistré leur plus grand nombre de nouveaux cas hebdomadaires depuis le déclenchement de la pandémie. Parallèlement, les décès ont augmenté de près de 15% durant la semaine pour atteindre 2.200 dans 36 pays.
Il faut dire que le contexte actuel est favorable à la propagation de la pandémie au niveau du continent et ce, pour plusieurs facteurs. D’abord, le non respect des conditions sanitaires -port du masque, distanciation physique, lavage des mains,…) visant à freiner l’expansion des contagions, contribue à la multiplication des contaminations au Covid-19.
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Ensuite, les conditions météorologiques avec une saison hivernale plus froide en Afrique australe contribuent aussi à la propagation de la pandémie. D’ailleurs, c’est dans cette région que la flambée des contagions est la plus inquiétante. En outre, l’apparition de variants plus contagieux tend à accélérer les contaminations. En effet, le variant Delta, d’origine indienne, est aujourd’hui présent dans 14 pays africains, alors que les variants Alpha (britannique) et Beta (sud-africain) sont présents dans plus de 25 pays africains.
En outre, la réouverture de frontières est presque une réalité partout en Afrique. Or, c'est elle qui contribue à la flambée des contagions au niveau du continent. Du coup, l’inquiétude monte dans de nombreux pays du continent, notamment ceux du Maghreb avec le retour programmé de nombreux membres de la diaspora vivant en Europe.
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Enfin, la faiblesse des vaccinations anti-Covid-19 explique aussi que les populations africaines ne sont pas immunisées. Une situation qui favorise les contagions au Covid-19.
Malheureusement, l’approvisionnement du continent en vaccins se fait toujours à doses homéopathiques. Et pour la directrice de l’OMS pour l’Afrique, «l’Afrique a besoin de ces doses ici et maintenant pour endiguer la troisième vague».
Conséquence de la faiblesse des doses, à date d’aujourd’hui, seulement 12 millions d’Africains sont totalement vaccinés contre le Covid-19, soit moins de 1% des Africains sont vaccinés, contre 480 millions dans le monde. Parmi eux figurent 7,8 millions de Marocains. Le royaume est le pays qui a le plus vacciné au niveau du continent avec plus de 17,26 millions de doses administrées.
La principale cause de cette faiblesse de vaccination est le faible approvisionnement des pays du continent en vaccins du fait que les pays développés se sont jusqu’à présente accaparés des vaccins fabriqués dans leurs laboratoires alors que l’Inde a interdit à Serum Institute of India, un des leaders mondiaux des vaccins qui approvisionnait le continent en doses du sérum AstraZeneca, d’exporter sa production pour faire face à l’explosion de la pandémie sur le sol indien. Du coup, le respect des conditions sanitaires demeurait la principale protection de la population africaine.
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Seulement, la faiblesse de l’approvisionnement en vaccins n’explique pas ,à elle seule, le rythme lent de la vaccination contre la pandémie du Covid-19 en Afrique. En effet, plusieurs dizaines de milliers de doses ont été perdus dans de nombreux pays (RDC, Soudan du Sud, Malawi, Afrique du Sud, etc.) faute de candidats aux vaccins du fait des suspicions qui entourent les campagnes de vaccination au niveau du continent.
Toutefois, la situation semble évoluer depuis quelques jours. En effet, la réticence face aux vaccins anti-Covid-19 pourrait s’atténuer avec l’apparition de cette nouvelle vague de contagion et son lot de décès. A ce titre, plus de 5 millions de doses ont été administrées durant les 5 derniers jours, par rapport à une moyenne de 3,5 millions d doses administrées au niveau du continent lors des trois dernières semaines, selon l’OMS Afrique.