Le World Economic Forum (WEF) a publié son rapport sur la compétitivité mondiale. Ce rapport qui passe en revue 137 économies montre que le continent africain reste le moins compétitif. En effet, sur les 100 premiers pays du classement 2017-2018, l’Afrique n’en compte que 10.
Rappelons que ce classement se base sur une batterie de 12 indicateurs: qualité des institutions, infrastructures, environnement macroéconomique, santé et enseignement primaire, enseignement supérieur et formation, efficacité du marché des biens, efficacité du marché du travail, développement des marchés financiers, préparation technologique, taille du marché, sophistication des entreprises et innovation.
Globalement, le continent accuse des faiblesses notables au niveau de la qualité des institutions, environnement économique, innovation, préparation technologique, santé et éducation primaire, efficience du marché du travail, etc.
Toutefois, au niveau mondial, certains pays africains arrivent à se hisser, selon les critères, dans les meilleures performances mondiales. Ainsi, le Rwanda s’affiche au 8e rang mondial en termes d’efficience du marché du travail avec un score de 5,4 points et 16e mondial en termes de qualité de ses institutions avec un score de 5,4 points sur un maximum de 7 points. De même, le Botswana se classe au 13e rang mondial en ce qui concerne la qualité de l’environnement macroéconomique avec un score de 6,1 points sur 7.
Dans ce classement, les 5 pays africains les plus compétitifs sont: l’île Maurice, le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Botswana et le Maroc.
Quels sont les points forts et ceux faibles du Top 5 des pays africains, selon les critères retenus par le Forum économique mondial?
1 – L’île Maurice: santé, éducation, infrastructure et flexibilité du marché de travail
L’île Maurice tient son rang d’économie la plus compétitive du continent avec un score de 4,5 points et se maintient au 45e rang mondial, consolidant par la même occasion son leadership africain. Le pays, pourtant handicapé par sa faible population avec 1,3 million d’habitants seulement, dispose tout de même d’un PIB par habitant de 9.424,4 dollars, l’un des plus élevés du continent.
Le pays tient son rang grâce notamment à son système de santé et d’éducation primaire, indicateur pour lequel il affiche une note de 6,1 points sur 7. En outre, le pays jouit d’un marché du travail efficient (4,9 points), de bonnes infrastructures (4,8 points), d'un environnement économique favorable (4,7 points), d'un système d’éducation supérieur et d’un système de formation appréciable (4,6 points) et d’institutions qualifiées de bonnes (4,5 points).
Le pays affiche toutefois des faiblesses au niveau de la taille de son marché (1,3 million d’habitants) avec un score de 2,8 points (113e mondial) et, à l’instar de presque tous les pays africains, de la faiblesse de son système d’innovation (3,4 points).
2 – Le Rwanda: bonne qualité des institutions, santé et éducation
Ce n’est pas pour rien que le modèle rwandais est cité en exemple et que le pays affiche un taux de croissance appréciable depuis plusieurs années. Malgré une perte de 6 places par rapport à son rang de l’année dernière, le Rwanda s’est hissé au second rang africain tirant profit de la dégringolade de l’Afrique du Sud dans le classement mondial.
Le Rwanda s’est illustré par la qualité de ses institutions avec un score de 5,4 points, soit le 16e mondial, l’efficience de son marché de travail avec le 8e rang mondial, son système de santé et d’éducation primaire (5,3 points), l’efficience de son marché de biens (4,7 points), le développement de son marché financier (4,5 points), etc.
Le pays accuse des faiblesses en matière de taille de marché avec un score de 2,6 points. Le pays compte 11,5 millions d’habitants pour un PIB par tête de 729 dollars. La préparation technologique (3,2 points), les infrastructures (3,4 points) et l’innovation (3,6 points) sont les principales autres faiblesses du pays.
3 – Afrique du Sud: corruption, manque de sécurité
Crise politique, accusation de corruption touchant le sommet de l’Etat, crise énergétique et une fiscalité lourde ont plombé la première économie africaine qui a perdu 14 places pour atterrir au 61e rang mondial en termes de compétitivité avec un score de 4,3 points, contre 4,47 points l’année précédente.
Le pays affiche ses meilleures performances au niveau des indicateurs de taille du marché (4,9 points) avec presque 50 millions d’habitants pour un PIB par tête de 5.260 dollars, préparation technologique (4,6 points), sophistication des affaires (4,5 points), efficience du marché de biens (4,5 points), environnement macroéconomique (4,5 points), santé et éducation primaire (4,5 points) et infrastructures (4,3 points).
Du côté des faiblesses, la qualité des institutions sud-africaines est montrée du doigt avec la multiplication des affaires de corruption qui touchent les dirigeants, dont le président Jacob Zuma. De même, le manque de sécurité et la rigidité du marché de travail constituent autant de handicaps pour la première puissance économique du continent. De même, le pays n’affiche qu’un score de 3,8 points au niveau de l’indicateur d’innovation.
4 – Botswana: environnement macroéconomique, santé et éducation primaire
Le Botswana a gagné une place dans le classement 2017-2018 de WEF en matière de compétitivité en s’affichant au 63e rang mondial et au 4e rang africain avec un score de 4,3 points. Le pays se distingue par la qualité de son environnement économique avec un score exceptionnel de 6,1 points sur 7, se classant au 13e rang mondial pour ce critère. Le pays dispose également d’un système de santé et d’éducation primaire appréciable avec un score de 4,8 points, un marché de biens efficient (4,5 points) et des institutions de qualité (4,4 points).
La taille du marché avec 2,2 millions d’habitants pour un PIB de 6.972 dollars par tête constitue la principale faiblesse du pays (3,0 points), à côté de l’innovation (3,2 points), de la préparation technologique (3,6 points) et des infrastructures (3,6 points).
5 – Maroc: santé et éducation primaire, environnement des affaires, infrastructures
Le Maroc perd un rang dans le classement mondial, mais se maintient dans le Top 5 des pays africains les plus compétitifs selon le Forum économique mondial. Le royaume obtient ses meilleurs scores au niveau des critères santé et éducation primaire (5,6 points), soit l’un des meilleurs du continent. De même, avec une note de 4,9 points au niveau de l’environnement macroéconomique, le Maroc occupe une bonne place en Afrique grâce à la stabilité politique, la faiblesse de l’inflation, la sécurité et la sûreté qui y prévalent.
De même, le Maroc jouit de la qualité de ses infrastructures (4,4 points) grâce à ses ports, autoroutes, aéroports, etc. De même, avec un marché de 34 millions d’habitants pour un PIB par tête de 3.063 dollars par tête, le Maroc bénéficie d’une taille de marché relativement appréciable avec un score de 4,3 points.
Toutefois, ces bons points sont amoindris par la faiblesse de l’innovation (3,1 points), de l’enseignement supérieur et de la formation (3,6 points) pour lequel le pays occupe le 101e rang mondial. Quant à l’efficience du marché de travail, elle constitue une faiblesse fondamentale sachant qu’avec un score de 3,6 points, le Maroc occupe, pour ce dernier critère, le 120e rang mondial sur 137 pays.