«L'adhésion du Maroc à la CEDEAO est la matérialisation de sa politique étrangère, une politique d’ouverture visant à conquérir des parts de marché en Afrique», estime le professeur Désiré Avom, doyen de la faculté des Sciences économiques et de gestions à l’Université de Dschang dans la région de l’Ouest camerounais.
Pour cet agrégé en sciences économiques, «l’effondrement de la Libye ouvre largement la voie au Maroc qui dispose de surcroit, d’une économie relativement diversifiée dans l'industrie et les services». Il explique que «le royaume a beaucoup à offrir et se doit d’accroître ses parts de marché et la CEDEAO, riche d’environ 340 millions de consommateurs, constitue un véritable marché pour le Maroc».
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Il relève cependant qu’un effet de "création et détournement du commerce" est à prévoir. «Sans frais de douane, les produits marocains seront moins chers dans certains pays de la CEDEAO et les entreprises locales pourront perdre énormément, si jamais elles n’arrivent pas à soutenir la concurrence», remarque le Pr Avom. Il atténue cette crainte en indiquant qu’il y aura forcément des compensations et que «le Maroc étant déjà très présent en Afrique de l’Ouest, son adhésion à la CEDEAO va consolider son déploiement qui sera mutuellement bénéfique».
Même sentiment du côté des politiques. Selon Sosthène Médard Lipot, secrétaire à la communication du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), «le roi du Maroc fait preuve de pragmatisme, en ce qui concerne sa politique économique. La CEDEAO est un marché qui fait 10 fois le Maroc et constitue ainsi un grand marché pour le royaume qui s'industrialise de façon spectaculaire».
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Au-delà de ces richesses potentielles, la CEDEAO c'est quand même une vaste zone de libre circulation avec 15 pays couvrant une superficie totale de 6,14 km2. Avec elle, «le Maroc cherche à doper sa croissance, et visiblement à asseoir son leadership en Afrique aux côtés du Nigeria et de l'Afrique du Sud», estime Lipot.
Il pense, par ailleurs, que sur le plan géopolitique, le Maroc va trouver avantage à intégrer ce regroupement régional pour la question du Sahara.
Enfin, explique-t-il, les pays de la CEDEAO vont à leur tour tirer profit de l'expertise et du savoir-faire marocain dans de nombreux domaines (éducation, santé, banques, assurance, tourisme, agriculture, électrification, etc.). Bref, l'adhésion du Maroc à la CEDEAO matérialisera un partenariat gagnant-gagnant.