En dépit de la crise sanitaire du Covid-19, les dirigeants africains ont fait le déplacement pour assister au IIIè Sommet Turquie-Afrique sous le slogan «Partenariat renforcé pour un développement et une prospérité mutuelle».
Parmi les 16 chefs d’Etat présents figurent Félix Tshisekedi, président de la RDC et de l’Union africaine, son successeur à la tête de l’organisation panafricaine, le Sénégalais Macky Sall, Mohamed El Ghazouani de la Mauritanie, Paul Kagame du Rwanda, Mohamed Younes Menfi, président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Abdullahi Mohamed, président de la Somalie, Abiy Ahmed, Premier ministre d’Ethiopie,… En tout, des présidents, premiers ministres et ministres de 39 pays africains ont fait le déplacement à Istanbul.
Une forte présence par rapport aux deux précédentes éditions qui atteste de l’importance stratégique, diploamtique et économique accrue de la Turquie au niveau du continent africain.
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«Notre objectif c’est de gagner ensemble avec l’Afrique, de marcher ensemble vers l’avenir. La vision que nous portons sur nos relations avec l’Afrique est stratégique et sur le long terme», a ainsi souligné le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.
Et ce samedi, lors de l’ouverture du sommet des chefs d’Etat, le président turc a d’emblée déclaré que le fait que le continent africain, qui compte 1,3 milliard d’habitants, ne soit pas représenté au Conseil de sécurité de l’ONU constitue une «grande injustice», avant d’ajouter: «je suis convaincu que nous devons unir nos forces pour que l’Afrique puisse être représentée au Conseil de sécurité, comme elle le mérite».
Erdogan a aussi saisi l’occasion pour dénoncer l’accaparement des vaccins anti-Covid-19 par les occidentaux soulignant que c’est «une honte pour l’humanité que seuls 6% de la population africaine aient été vaccinés contre le Covid-19». Partant, il annonce que «la Turquie prévoit d’envoyer 15 millions de doses de vaccins en Afrique». Mieux, a annoncé le président turc, lorsque le vaccin expérimental turc, baptisé Turkovac, recevra une autorisation d’utilisation d’urgence, Ankara le mettra au service de l’humanité toute entière, y compris l’Afrique.
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Des annonces qui montre la volonté d’Ankara de se positionner comme partenaire du continent. Il faut reconnaître que la Turquie n’a pas lésiné sur les moyens au cours de ces dernières années pour devenir un acteur majeur en Afrique sur de nombreux plans: diplomatie, économie, militaire, humanitaire,…
Pour s’en convaincre, au niveau diplomatique, au niveau du volet diplomatique, le président turc Recep Tayyip Erdogan a multiplié les périples au niveau du continent avec un total de 50 visites dans plus de 30 pays. Aucun autre dirigeant occidental ou autre n’a réalisé un tel bilan.
A ce niveau, il faut souligner que la Turquie compte 43 ambassades implantées sur le continent dont 31 ont été ouvertes depuis 2002.
En matière de développement économique, la Turquie s’appuie sur l’Agence turque pour la coopération et le développement (Tika) qui compte 22 bureaux sur le continent -le premier a été ouvert en 2005 à Addis-Abeba, en Ethiopie- et qui y multiplie les projets dans tous les secteurs: éducation, santé, agriculture, industrie, développement durable,… Un tiers des actions de Tika est consacré à l’Afrique.
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Au niveau des échanges, les turcs pénètrent les marchés africains grâce à des produits ayant un rapport qualité-prix très intéressant.
Globalement, les produits turcs sont de bonnes qualité, beaucoup moins chers que ceux fabriqués dans les pays européens et de meilleure qualité que les produits chinois. Ainsi, les échanges entre les deux parties se sont élevés à plus de 30 milliards de dollars en 2021, contre 5 milliards de dollars en 2003 et la Turquie ambitionne de doubler son commerce extérieur avec l’Afrique à l’horizon 2026 pour atteindre au moins 50 milliards de dollars.
Les ventes turques les plus importantes concernent les produits alimentaires (farine, pâtes,…), le ciment, l’acier, l’électroménager, les armes,…
Parallèlement, les investissements turcs en Afrique ne cessent d’augmenter pour s’établir à 6,5 milliards de dollars. Des investissements qui bénéficient particulièrement aux pays de l’Est du continent dont particulièrement l’Ethiopie qui a absorbé le tiers des investissements turcs en Afrique. Les investissements turcs concernent particulièrement le secteur des infrastructures avec les entreprises de construction que sont Rönesans Holding, Groupe Limak, Tekfen Holding TAV Construction, Yapi Merkezi, Ant Yapi, Enka,…
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Les entreprises turques du BTP gagnent de nombreux marchés en Afrique, y compris dans les pays jusque-là considérés comme la chasse gardée des grandes entreprises françaises. Ainsi, au Niger, ce sont les entreprises turques qui y ont décroché plusieurs contrats, dont un de 152 millions d'euros pour moderniser l'aéroport de Niamey et un autre de 38 millions d'euros pour le nouveau siège du ministère nigérien des Finances.
Et selon le président Erdogan, les entreprises turques implantées en Afrique ont généré quelque 25.000 emplois et les entreprises contractantes turques «ont réalisé 1.686 projets d’une valeur totale de 78 milliards d dollars en Afrique».
Par ailleurs, les entreprises turques sont de plus en plus présentes au niveau du continent. La compagnie aérienne turque est d’ailleurs la compagnie qui dessert le plus de pays en Afrique, devant même Ethiopian Airlines, avec une soixantaine de destinations.
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Enfin, en matière de défense, la Turquie veut devenir un fournisseur des armées africaines. «Partout où je vais en Afrique, tout le monde me parle des drones», se félicitait Erdogan, après sa dernière tournée qui l’a mené en Angola, au Nigeria et au Togo. Il faut dire que le drone turc du modèle TB2 de la société Bayraktar a marqué les esprits en permettant à l’Azerbaïdjan de remporter une victoire éclaire sur l’Arménie et en mettant en déroute les forces du Maréchal Haftar qui s’apprêtaient à prendre Tripoli. Depuis, le Maroc, la Tunisie, l’Ethiopie, le Niger…, ont passé commandes et certains ont été livrés. Le Niger devrait donc s’équiper en drones de combat turcs Bayraktar TB2, le modèle-phare de Baykar, la compagnie du gendre de Recep Tayyip Erdogan. Le pays prévoit aussi d’acheter des véhicules blindés et l’avion de formation Hürkuş, développé par l’entreprise publique Turkish Aerospace.
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Les ventes d’armes turques ont, de manière générale, particulièrement augmenté. En Éthiopie, en 2020, seuls 235.000 dollars d’équipements avaient été vendus contre près de 95 milliards de dollars en 2021. La progression est du même ordre pour l’Angola, le Tchad ou encore le Maroc.
Ainsi, Ankara est devenu un acteur dans le domaine de la défense en Afrique où elle compte 19 attachés militaires, une base en Somalie et est intervenue en Libye pour stopper l’avancée du maréchal Hafter sur Tripoli.
Bref, alors que les pays africains se montrent de plus en plus critiques, et se disent dans les coulisses souvent insatisfaits de leurs partenariats traditionnels avec les pays occidentaux. Du coup, la Turquie se positionne comme une alternative et ne se prive pas de tancer certaines anciennes puissances coloniales. «Chers amis, nous sommes fiers de dire que nous n’avons pas de passé colonial, lance le ministre des Affaires étrangères. Nous allons continuer à avancer malgré ceux qui pensent que l’Afrique rime toujours avec sous-développement, coup d’État et pauvreté. Parce que nous croyons en l’Afrique», a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.