Turquie: un niet des Africains à la fermeture des écoles Fethullah Gülen

Le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan. . DR

Le 29/11/2016 à 19h24, mis à jour le 29/11/2016 à 20h05

Des pays africains se sont opposés catégoriquement aux injonctions des autorités turques demandant la fermeture des écoles Yavuz Selim affiliées au prédicateur Fethullah Gülen. Erdogan continue à maintenir la pression en jouant sur la diplomatie et l’arme économique.

Kiosque Le360 Afrique: Les relations entre la Turquie et un certain nombre de pays africains sont tendues depuis le putsch raté de l’armée contre le président turc Recep Tayyip Erdogan. Ayant accusé le prédicateur Fethullah Gülen qui vit en exil aux Etats-Unis d’être derrière ce coup d’Etat sanglant et non content des répressions menées contre tous ceux ayant été jugés proches de celui-ci (politiciens, journalistes, élus, militaires, fonctionnaires, etc.), le président turc a élargi ses cibles au continent africain.

Ainsi, à coup de pressions diplomatiques, il a sommé plusieurs chefs d’Etat africains de procéder à la fermeture immédiate de la centaine d’écoles Yavuz Selim affiliées à la confrérie Gülen.

Seulement, comme le souligne Jeune Afrique, «ces écoles, implantées dans la quasi-totalité des États, rencontrent depuis vingt ans un certain succès. Destinées à former les élites, ces institutions privées sont reconnues, y compris par Ankara, pour la qualité de leur enseignement».

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Depuis le coup d'Etat manqué, les écoles Yavuz Selim affiliées au prédicateur sont considérées comme des centres de formation de futurs putschistes. «C’est un piège, elles forment des étudiants qui détiendront des positions clés dans la police, l’armée ou la magistrature et qui, un jour, commettront des coups d’État chez vous», tentait de convaincre Mehmet Akarca, directeur de l’information à la primature turque, devant un parterre de journalistes venus couvrir le Forum d’affaires Turquie-Afrique, début novembre à Istanbul, a révélé l’hebdomadaire panafricain.

En tout cas, face aux injonctions turques, certains pays africains ont naturellement cédé. Parmi les premiers à fermer les écoles affiliées à Gülen figure le gouvernement somalien très lié à la Turquie, mais aussi la Gambie, le Soudan et le Rwanda. La puissance turque a usé des relations économiques, diplomatique et militaires pour pousser plusieurs Etats à fermer les écoles Gülen dont le Rwanda, le Soudan, le Tchad et la Guinée et les faire passer sous le giron de la Fondation Maarif, institution créée par le ministère turc de l’Education.

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Toutefois, la pression du gouvernement turque n’a pas été suffisante pour infléchir les positions de la majorité des pays du continent. Beaucoup de pays n’ont pas apprécié cette ingérence turque. C’est le cas «notamment du Nigeria, de la Tanzanie et du Sénégal, comme l’atteste la fin de non-recevoir adressée mi-novembre par le président Macky Sall à son homologue turc, qui lui avait intimé de fermer les écoles Yavuz Selim».

Il faut reconnaître que dans certains pays du continent, ces fermetures, en début d’année scolaire allaient beaucoup perturber l’enseignement. Au Sénégal, par exemple, on compte 15 écoles Yavuz Selim dont l’enseignement est très apprécié.

A noter que les écoles Yavuz Selim sont présentes dans 170 pays dans le monde avec une forte présence en Afrique de l’Ouest. Et pour le moment, beaucoup de pays n’ont pas suivi les appels fermes des autorités turques.

Par Kofi Gabriel
Le 29/11/2016 à 19h24, mis à jour le 29/11/2016 à 20h05