Vidéo. Sahel: Macron "invite" 5 chefs d'Etat africains à Pau sur un ton discourtois

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Le 05/12/2019 à 10h52, mis à jour le 06/12/2019 à 13h58

VidéoSur un ton inhabituellement discourtois, Emmanuel Macron a "invité" les chefs d'Etat des pays du G5 Sahel à une réunion en France, à Pau. Dans un contexte de résurgence du sentiment anti-français et où Paris cherche à mettre en place une force européenne au Sahel, l'objectif est double.

Emmanuel Macron est remonté contre ses partenaires du G5 Sahel qu'il accuse d'entretenir le flou autour du sentiment anti-français.

Aussi, le président français a-t-il donné rendez-vous à Pau en France à ses homologues de Mauritanie, de Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad dont les forces armées sont engagées dans le G5 Sahel.

Ce rendez-vous sonne comme une vraie convocation afin de fournir des "clarifications" concernant leur position sur la présence française dans la région.

C'était hier en marge du sommet de l'Otan qu'il a tenus ses propos, usant d'un ton inhabituellement ferme quand on s'adresse à de respectables chefs d'Etat, qui plus est, des amis de la France.

Macron est-il sorti tendu des échanges avec l'Américain Donald Trump au point d'invectiver des chefs d'Etat africains accusés à juste titre par leur opinion publique, d'être aux ordres de la France?

Toujours est-il que cette sortie maladroite ne rend pas service à la France et à son image et ne facilitera pas la tâche à ces chefs d’Etat.

Selon ses propres mots, il attend "à très court terme" des clarifications sur "le cadre et les conditions politiques de l'intervention de la France au Sahel".

"Au Sahel depuis 5 ans, la France a conduit un travail important avec plusieurs victoires", s'est-il réjoui, appelant ses "invités" à "regarder la situation en face".

"J'attends d'eux qu'ils clarifient et formalisent leur demande à l'égard de la France et de la Communauté internationale. Souhaitent-ils notre présence ont-ils besoin de nous ?", a-t-il poursuivi, avant d'ajouter: "je veux des réponses claires et assumées sur ces questions".

"Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du Sahel que ce soit alors que l'ambiguïté persiste à l'égard des mouvements antifrançais, parfois porté par des responsables politiques", encore dit fermement Macron.

Le président français veut que ses partenaires du G5 Sahel effectuent l’effort politique indispensable, en faisant en sorte que "le travail militaire et de développement puisse être bénéfique". "C'est leur responsabilité pleine et entière, en particulier en ce qui concerne le Mali et le Burkina Faso".

Macron a commencé par rappeler, non sans une certaine fierté, que c'est la France qui a aidé la Mauritanie à se doter d'une armée capable de se défendre elle-même et l'a aidée à s'équiper.

Il faut noter que lors de ce mini-sommet sur convocation d'Emmanuel Macron, un hommage sera rendu au régiment auquel appartenaient 7 des 13 soldats tués dans la collision de deux hélicoptères, le 25 novembre dernier, dans le nord du Mali.

Mais, si Emmanuel Macron a eu cette attitude, c'est peut-être pour faire un appel du pied à ses homologues européens qu'il cherche à convaincre pour mettre en place une force multinationale.

Paris appelle les autres pays de l'Europe pour la rejoindre dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, avec une "présence internationale plus forte". Il dit en avoir déjà parlé avec la chancelière allemande Angela Merkel.

Or, Macron n'est pas sans savoir que le sentiment anti-français qui prend de l'ampleur ne plaide pas à la faveur d'une participation européenne.

Certes, les chefs d’Etat du G5 Sahel répondront à son appel. Néanmoins, Emmanuel Macron ne tardera pas à se rendre compte que son attitude sera contre-productive auprès de l’opinion publique.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 05/12/2019 à 10h52, mis à jour le 06/12/2019 à 13h58