Kiosque le360afrique. Selon la presse sénégalaise dont Senenews, Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien est attendu ce lundi à Banjul afin de jouer un rôle de médiateur dans la crise post-électorale. L'objectif est d'empêcher l'escalade entre le président gambien et ses homologues de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Abdel Aziz avait envoyé son homme de confiance et ancien Premier ministre pour se rendre à Banjul la semaine dernière. Cette visite est donc une suite logique et tombe à un moment crucial.
Mauritanie-Gambie: Ould Abdel Aziz envoie son homme de confiance auprès de Yahya Jammeh
Dans son discours de fin d'année, Yahya Jammeh a utilisé un ton on ne peut guerrier pour s'adresser à ses pairs de la CEDEAO. "Nous sommes prêts à défendre le pays contre toutes agressions". Visiblement, il n'attend qu'une chose: que la CEDEAO se décide à intervenir militairement en Gambie pour faire respecter le résultat de la présidentielle du 1er décembre dernier.
"Je vais être clair: nous sommes prêts à défendre ce pays contre toute agression et nous ne ferons aucun compromis sur ce point... Ce qui est incontestable, c'est que la perception qu'a la CEDEAO de la situation et sa volonté de faire respecter les résultats de l'élection du 1er décembre par tous les moyens possibles sont totalement illégales, car cela viole le principe de non-ingérence dans les affaires internes des Etats membres. En réalité, c'est une déclaration de guerre et un affront à notre constitution".
Cependant, ceux qui connaissent l’homme savent que Jammeh veut bien négocier malgré tout. Puisqu'il termine sa déclaration en affirmant que "si une solution juste n'est pas recherchée dans le cadre de la constitution gambienne et le terme "usage de la force" ne disparaît pas de la position prise par la CEDEAO, le blocage continuera, avec le risque d'une escalade vers une confrontation militaire".
Mais toujours selon la presse sénégalaise, Jammeh est disposé à négocier et il pose d'ores et déjà des conditions draconiennes. La première est l'amnistie pour lui et 400 membres de son gouvernement et de son armée. La seconde est qu'on le laisse disposer durant une vingtaine d'années de l'énorme fortune qu'il a amassée pendant ses 22 ans au pouvoir. Cependant, la CEDEAO ne l'entend pas de cette orielle. L'organisation sous-régionale propose une amnistie pour lui et quelques-uns de ses proches et un exil dans un pays où il se fera oublier le temps que les Gambiens pansent leurs plaies.
C'est donc dans ce contexte qu'intervient la visite de Mohammed Ould Abdel Aziz qui a été proche de Jammeh durant ces dernières années. Saura-t-il lui faire changer d'avis afin d'éviter que la Gambie ne s'embrase ? L’exercice ne devrait pas être si difficile si l’on sait que de plus en plus d’officiers, d’élus, de ministres et d’ambassadeurs ont déjà lâché l’homme fort de Banjul.