Mauritanie-Gambie. Dégel entre Banjul et Nouakchott

Le président gambien Adama Barrow et le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.

Le président gambien Adama Barrow et le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.

Le 17/11/2017 à 12h32, mis à jour le 17/11/2017 à 15h21

Le nouvel ambassadeur de Gambie auprès de la Mauritanie, Mawdo C. Juwara, a présenté ses lettres de créances au président mauritanien. Un signe de décrispation dans les relations entre Banjul et Nouakchott.

Le nouvel ambassadeur de Gambie auprès de la République islamique de Mauritanie, Mawdo C. Juwara, a présenté mardi ses lettres de créances au président Mohamed Ould Abdel Aziz.

De l’avis de nombreux observateurs, cette nouvelle serait le signal d’une décrispation entre les deux pays, suite à la brouille, réelle ou supposée, entre Banjul et Nouakchott, consécutive à la médiation mauritanienne dans la crise née du refus du président Yaya Jammeh, considéré comme «un ami» de Mohamed Ould Abdel Aziz, de céder le pouvoir après une défaite dans les urnes.

Certaines rumeurs accusaient le chef d'Etat mauritanien d’avoir négocié pour le maintien au pouvoir de l’ancien dictateur de Banjul, en attendant le résultat d’un pourvoi devant la Cour suprême, dont l’audience ne pouvait pas se tenir avant le mois de mai 2017. D'autres bruits faisaient état du «mauvais traitement» qu'aurait subi le président Mohamed Ould Abdel Aziz à l’occasion de la cérémonie d’investiture du nouveau président Adama Barrow au début de l’année.

Après sa rencontre avec le président mauritanien, le diplomate gambien, cité par l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI), a déclaré lui avoir transmis «les remerciements du président Adama Barro pour les efforts déployés en faveur de la Gambie et son peuple, dans le cadre de la médiation qui a permis de mettre fin à la crise politique qu’a connue le pays, suite à l’élection présidentielle de décembre 2016, et de lui épargner le fléau de la guerre». Le diplomate gambien a par la suite assuré «de la volonté du président Barrow de développer et de renforcer les relations avec la Mauritanie». Autant dire que s’il y a eu brouille entre Banjul et Nouakchott, elle appartient désormais au passé, note un analyste.

D’ailleurs, du point de vue de Moussa Ould Hamed, ancien DG de l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI), «cette thèse ne correspondait pas à la réalité, car bâtie sur le constat de la mutation de Bâ Ousmane, qui a quitté précipitamment Banjul avant d'être nommé en qualité de représentant de la Mauritanie à l’ONU, juste après la cérémonie d’investiture. Un argument léger».

La Mauritanie et la Gambie entretiennent traditionnellement de bonnes relations, quelle que soit par ailleurs la nature du régime au pouvoir dans les deux pays. Une importante communauté mauritanienne est présente dans la filière du commerce de gros, demi-gros et détail en Gambie. Une banque et une école mauritaniennes sont aussi implantées en Gambie.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 17/11/2017 à 12h32, mis à jour le 17/11/2017 à 15h21