Ce projet de la Grande muraille a toujours bénéficié de soutien des bailleurs de fonds et de nombreux Etats. Toutefois, jamais des engagements aussi importants n’ont été annoncés par les bailleurs de fonds étrangers, à l’occasion de la 4ème édition du «One Planet Summit», consacré à la biodiversité, organisé à Paris le lundi 11 janvier courant, et visant à promouvoir la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité.
Pour note, la Grande muraille verte est un projet couvrant et rassemblant 11 pays africains du Sahel de la région du grand lac Tchad et de la Corne de l’Afrique, couvrant une bande de 7.700 km de long et 15 kilomètres de large à travers le Sahara et le Sahel.
Ce projet à cheval sur les territoires de 11 pays -Gambie, Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Ethiopie, Erythrée et Djibouti- et quelque 100 millions d’hectares de terres dégradées, vise à lutter contre la désertification et le réchauffement climatique et préserver la biodiversité, mais aussi de créer des emplois.
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Seulement, 15 ans après son lancement, le projet est loin d’atteindre son rythme de croisière. Seulement 4 millions d’hectares de terres ont été réhabilités entre 2011 et 2019, soit 4% de l’objectif du programme fixé pour 2030, à savoir la réhabilitation de 100 millions d’hectares. A ce rythme, il faut réhabiliter deux fois plus de terres par an pour atteindre l’objectif fixé pour 2030.
Ce bilan maigre s’explique par le fait que depuis son lancement, cet ambitieux projet a buté sur le manque de financement, en dépit des soutiens de la Banque mondiale, de l’Organisation des Nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Union européenne (UE), le Programme des Nations-unies pour l’environnement (Pnue), etc. Et lors du sommet «One Planet Summit», Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, a rappelé que «la restauration des écosystèmes naturels dans les zones arides d’Afrique profite à la fois aux populations et à la planète».
La France, pays d’accueil de l’événement, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement se sont distinguées en annonçant des financements exceptionnels au profit de cette région.
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Ainsi, le sommet «One Planet Summit» a été précédé par une rencontre consacrée à la Grande muraille verte. Et à l’issu de cette rencontre ayant réuni des chefs d’Etat, des organisations, ONG et bailleurs de fonds, le président français Emmanuel Macron a annoncé que 14,3 milliards de dollars vont être mobilisés sur 5 ans (2021-2025) et investis dans le projet de la Grande muraille verte par les acteurs du projet dont la France avec un objectif clair, «verdir le Sahel».
Ensuite, c’est la Banque africaine de développement (BAD) qui est entrée en jeu en promettant d’injecter quelque 6,5 milliards de dollars sur 5 ans dans ce projet qui constitue l’une des plus importantes initiatives africaines en faveur du climat. Selon l’institution panafricaine, ces 6,5 milliards de dollars seront mobilisés sur des sources de financement internes et externes, notamment du Fonds des énergies durables pour l’Afrique (Sefa), le Fonds vert pour le climat (Fvc) et le Fonds pour l’environnement mondial (Fem).
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Pour sa part, la Banque mondiale, le plus grand bailleur de fonds multilatéral pour les investissements climatiques dans les pays en développement, a prévu d’investir plus de 5 milliards de dollars au cours des 5 prochaines années dans ce projet pour contribuer à restaurer les paysages dégradés, améliorer la productivité agricole et renforcer les moyens de subsistance dans les 11 pays d’Afrique situés sur une bande de terre s’étendant du Sénégal à Djibouti.
L’annonce a été faite par David Malpas, président du groupe Banque mondiale, à l’occasion du «One Planet Summit». «Cet investissement, qui intervient à un moment crucial, permettra d’améliorer les moyens de subsistance dans des pays qui se relèvent de la Covid-19 tout en étant confrontés aux conséquences des pertes subies par la biodiversité et du changement climatique sur leurs populations et leurs économies», souligne David Malpas.
Cette promesse de financement s'inscrit dans le cadre du nouvel engagement ambitieux du groupe de la Banque mondiale qui a pris, en décembre 2020, l’engagement ambitieux de consacrer en moyenne 35% de ses financements au cours des 5 prochaines années à des projets ayant des retombées positives pour le climat.
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En gros, ces milliards annoncés devraient servir à soutenir l’agriculture, la biodiversité, le développement communautaire, la sécurité alimentaire, la restauration des paysages, la création d’emplois, la construction d’infrastructures résilientes, la mobilité rurale, l’accès aux énergies renouvelables, la dégradation des terres, etc.
A noter que la Banque mondiale n’a cessé d’apporter son soutien à la Grande muraille verte depuis 8 ans avec des financements qui ont profité jusqu’à présent à 19 millions d’habitants et l’aménagement de 1,6 million d’hectares.
En outre, en cas de succès, les retombées de ce programme ambitieux auront des impacts importants sur la planète. Outre la séquestration de 250 millions de tonnes de carbone, la réalisation des programmes annoncés devraient permettre la création de 10 millions d’emplois grâce à la restauration de 100 millions d’hectares de terres dégradées dans les 11 pays concernés.
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Au-delà de la réponse climatique, les engagements des partenaires visent également à faire face à une insécurité grandissante au niveau de cette région africaine, la plus touchée par le terrorisme. Le développement de cette région devrait réduire la pauvreté et, du coup, contribuer à fixer les populations dans cette région.
Enfin, en créant des conditions favorables au développement de cette région, les donateurs européens souhaitent aussi contribuer à fixer les populations sahéliennes et sahariennes dans cette zone réhabilitée offrant des emplois stables et, en conséquence, agir sur la migration des populations de ces régions vers l’Europe.