Prés de 70 pirogues sénégalaises de pêche artisanale sont autorisées à reprendre la mer et rentrer à Saint-Louis. Ce retour est un des principaux résultats d’une visite à Nouakchott du ministre sénégalais de la Pêche, Omar Gueye.
Emissaire du président Macky Sall, à son homologue, Mohamed Ould Abdel Aziz, Gueye a eu une longue séance de travail avec le ministre mauritanien des pêches et de l’économie maritime, Nany Ould Chrougha.
Les pirogues sénégalaises autorisées à rentrer vont bénéficier d’un appui personnel du président sénégalais à hauteur de 75 millions de francs CFA, en vue de permettre aux propriétaires de faire face aux dépenses liées au carburant.
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Cependant, à l’issue de la visite à Nouakchott du ministre Omar Gueye, un autre problème est resté sans solution. Il s’agit du cas de 4.800 embarcations de pêche artisanale sénégalaises, mais immatriculés en Mauritanie au nom des mareyeurs mauritaniens et pêchant en conséquence sous licences mauritaniennes.
Ces pirogues ne pourront pas immédiatement reprendre la mer «car elles ont fait l’objet d’affrètement dans le cadre de contrats privés. Le règlement de cette question ne relève pas de la compétence des gouvernements. Celle devrait faire l’objet de négociations pour un éventuel accord entre les parties concernées», a expliqué le ministre sénégalais de la Pêche.
Cependant, même en restant sur place avec des licences mauritaniennes, ces embarcations ne pourront mener convenablement leurs activités du fait d’un énorme déficit de main d’œuvre imputable au départ des équipages sénégalais, dans le cadre de la mauritanisation des emplois, selon les spécialistes.
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D’où la terrible perspective d’une aggravation d’un début de pénurie poissons constatée sur le marché.
Par ailleurs, le ministre sénégalais a saisi l’occasion de son voyage pour réaffirmer «la nécessité d’un respect absolue de la législation mauritanienne en matière de pêche» qui exige des équipages nationaux sur les embarcations.
Le dernier protocole de pêche entre la Mauritanie et le Sénégal, qui donnait lieu à la délivrance de 400 licences de pêche artisanale, est arrivé à expiration fin 2015.
Son renouvellement a buté sur l’obligation de débarquement de toutes les prises au niveau des ports mauritaniens. Une clause qui n’arrange pas les pêcheurs de Saint-Louis qui l’ont clairement signifié aux autorités de Dakar dans le cadre des négociations avec Nouakchott.
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Enfin, la seule véritable avancée de ces négociations est liée à la sécurisation de la frontière maritime entre les deux pays. Les deux parties sont convenues sur la nécessité de mettre en place des patrouilles frontalières maritimes mixtes pour éviter la répétition des incidents entre gardes côtes mauritaniens et pêcheurs illégaux sénégalais dans les eaux mauritaniennes. Il faut souligner qu’un mécanisme de patrouilles maritimes mixtes est prévu dans le cadre de la Commission sous-régionales des pêches CSRP qui regroupe plusieurs pays de la sous-région : Cap-Vert, Gambie, Sénégal, Guinée, Mauritanie, Guinée Bissau, Sierra Leone et Sénégal. Toutefois, cet accord n’a jamais connu de matérialisation concrète.
La mise en place de patrouilles maritimes communes contribuera à éviter les incidents du genre de celui survenu le 27 janvier dernier, quand une patrouille de gardes côtes mauritaniens à tirer sur des pêcheurs de Saint-Louis, en légitime défense, selon les autorités mauritaniennes, faisant plusieurs blessés dans leurs rangs.