Le ministre sénégalais des Affaires étrangères, maître Sidiki Kaba, est attendu à Nouakchott au cours des prochaines heures, dans le cadre d’une tournée sous régionale, qui l’a conduit dans toutes les capitales voisines : Banjul, Bissau, Bamako, Conakry et Praia.
Ce périple rentre dans le cadre de la volonté de créer des conditions propices à des relations de bon voisinage avec tous les Etats frontaliers, selon les explications officielles fournies par les autorités de Dakar.
Mais au-delà du langage diplomatique et des formules convenues, c’est aussi une nouvelle ambition au plan mondial, qui pousse la diplomatie sénégalaise à se tourner vers ses voisins immédiats, à l’effet de solliciter leur soutien dans la perspective de la candidature du pays au Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), pour la période 2018-2020.
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Le Sénégal avait été élu membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU en 2015, pour une période de 2 ans. Par cette candidature, Dakar entend «continuer à apporter sa contribution à la promotion de la défense des droits de l’homme».
Le gouvernement du Sénégal «sollicite à cet effet l’appui de tous les Etats membres des Nations-Unies (ONU) pour qu’ensemble nous puissions travailler à édification d’un monde plus juste et en plus en sécurité, car plus respectueux des droits de l’homme», déclarait il y a quelques mois devant cette instance, l’ancien ministre Mankeur Ndiaye.
Cependant, pour ce qui concerne l’étape de Nouakchott, l’évocation de l’arrivée prochaine du nouveau chef de la diplomatie sénégalaise laisse apparaître en toile fond des relations bilatérales qui traversent des moments de turbulence depuis quelques années. Des rapports qualifiés de «relativement froids» par de nombreux observateurs à Nouakchott.
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A titre d’illustration de cette réalité diplomatique pas à la hauteur de l’histoire fortement imbriquée de ce «peuple formant 2 Etats», selon la formule du président Abdoulaye Wade, il suffit de rappeler l’épisode de l’interdiction de la transhumance du bétail mauritanien au Sénégal, en dépit d’un accord bilatéral dans ce sens. Les divergences inconciliables au sujet du dictateur Yaya Jammeh, le renvoi de tous les pêcheurs sénégalais qui travaillaient dans les ports artisanaux de Nouakchott et Nouadhibou.
L’épisode le plus récent des nuages dans les rapports entre Dakar et Nouakchott concerne l’activisme de militants antiesclavagistes mauritaniens et des ONG étrangères qui ont choisi Dakar comme place forte pour dénoncer «les dérives du pouvoir de Nouakchott». Une action qui met le Sénégal dans une posture fort inconfortable.
Une espèce de choix cornélien entre la nécessité d’entretenir des relations de bon voisinage avec son voisin et l’incontournable obligation de laisser ces acteurs exprimer librement leur opinion.
Car à Nouakchott, les communiqués stigmatisant «l’esclavage et le racisme» sont perçus comme une campagne «hostile et haineuse vis-à-vis de Mauritanie».