Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahima Niasse, khalife général de la Fayda Tidjaniya, dont le siège se trouve à Médina Baye (Kaolack, centre du Sénégal), a entamé le samedi 24 février courant, une visite d’une semaine en Mauritanie.
Le voyage de cette grande autorité religieuse sénégalaise en Mauritanie répond à une invitation des plus hautes autorités du pays, comme en attestent de multiples banderoles avec les bannières nationales souhaitant la bienvenue de la République islamique de Mauritanie à l’illustre hôte, sur plusieurs édifices publics.
Ce périple est aussi justifié par la présence de plusieurs dizaines, voire de centaines de milliers de disciples du khalife de Madina Baye en Mauritanie. Ils sont particulièrement nombreux dans les régions du Brakna, du Tagant et du Trarza.
La branche de la Fayda Tijaniya de Médina Baye rassemble 40 millions d’adeptes au Nigeria, soit plus de 2 fois la population du Sénégal et de la Mauritanie, selon plusieurs sources dignes de foi.
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L’invitation de l’une des plus grandes figures religieuses du Sénégal à Nouakchott dans les circonstances actuelles va bien au-delà de la dimension spirituelle, selon l’avis de nombreux observateurs.
Celle-ci intervient après la mort, le 27 janvier dernier, d’un pêcheur sénégalais, victime des tirs de gardes-côtes mauritaniens, qui a été suivie de pillages de commerces tenus par des Mauritaniens à Saint-Louis.
Par ailleurs, l’arrivée de Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahima Niasse a lieu un peu plus de deux semaines après la visite à Nouakchott du président Macky Sall.
La dimension éminemment politique de ce voyage est confirmée par le communiqué annonçant l’événement. Celui-ci indique en effet que «le khalife de Médina Baye envisage d’apporter sa contribution à l’apaisement des relations temporelles entre le Sénégal et la Mauritanie, socle d’une libre circulation des personnes, particulièrement de celles exerçant dans le secteur de la pêche et de l’élevage».
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Les licences consenties par Nouakchott aux pêcheurs traditionnels de Saint-Louis (nord du Sénégal) sur la base d’un protocole intergouvernemental signé en 2001 et censées être reconduites tous les deux ans n’ont pas été renouvelées depuis 2016, suite à l’adoption par la Mauritanie d’une nouvelle législation sur la pêche.
Par ailleurs, en cette année 2018, la Mauritanie est confrontée à une terrible sécheresse qui menace le cheptel et les hommes, induisant la nécessité d’une transhumance du bétail en territoire sénégalais.
Les négociations relatives à l’accord de pêche se poursuivent et devraient être finalisées avant la fin du mois de mars, selon les déclarations des présidents Mohamed Ould Abdel Aziz et Macky Sall, faites au cours d’un point de presse clôturant la visite du chef de l’Etat sénégalais à Nouakchott.
Le voyage du dignitaire religieux n'en contient pas moins une dimension spirituelle. On explique qu’il répond à «une invitation des disciples mauritaniens et permettra de réaffirmer le lien spirituel de Cheikh Al Islam El Hadj Ibrahima Niasse avec la communauté mauritanienne, de ses disciples, mais encore son ouverture envers tous les musulmans de ce pays frère».
Ont été programmés «des cours magistraux, des conférences délivrées par d’éminentes personnalités sur des thèmes interpellant la communauté des croyants dans un monde en perpétuelle mutation».