Maalouma, de son nom complet Maalouma mint Moctar Meidah, chanteuse populaire et femme politique, née dans les années 1960, a changé le paradigme de la musique dans son pays, en réussissant un mariage des instruments jusque-là traditionnels, et importés, pour arriver à un produit moderne consommable au-delà des frontières, s’ouvrant ainsi les portes du cénacle restreint du showbiz international.
Plongée très tôt dans la politique, suite au constat «d’injustices multiples», la chanteuse s’est également taillé la carapace d’une diva, rebelle qui n’a pas sa langue dans la poche et n’hésite pas à tirer sur un pouvoir militaire recyclé dans le multipartisme avec une culture démocratique plutôt frustrée.
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La grande diva rappelle les origines de la famille, qui permet une véritable symbiose de la musique d’un pays dont la population adore les belles phrases et la poésie légendaire de la culture arabe. Chez elle, la musique est une partie intégrante de la vie, grâce à un père, Moctar ould Meidah, qui consacre toute son existence à l’art traditionnel.
Très ouverte sur le monde, la jeune fille est sortie rapidement du cercle musical habituel se tournant vers de nouvelles sonorités. Ainsi, à partir des instruments de musique maure dont les racines négro africaines sont historiquement connues, la dame fait preuve de créativité. Ses thèmes de prédilection sont l’amour, mais aussi la vie politique, notamment l’exigence d’égalité pour tous les citoyens.
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Cette orientation musicale permet une rencontre avec un officier, responsable à l’époque de la fanfare des forces armées, offrant un tremplin vers la modernité, des tournées dans plusieurs pays (Afrique, Etats-Unis,...) et la production d’albums avec un retentissant succès sur le plan national et surtout international.
La suite est une nageuse plongée dans la politique favorisée par un environnement «avec des injustices multiples» notamment la question sociale séculaire de l’esclavage, le problème des castes, les questions liées à la gouvernance,...
Figure marquante de l’opposition des années 1992, Maalouma est devenue par la suite sénatrice de l’Union Pour la République (UPR). Un flirt avec le pouvoir qui se termine en eau de boudin, suite à un conflit ouvert entre le président Mohamed ould Abdel Aziz et les membres du sénat, haute chambre du parlement, devenu subitement encombrant par son opposition à un projet de révision constitutionnelle prévoyant sa propre suppression au cours de l’année 2017.
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L’histoire trouve son épilogue devant les tribunaux avec le placement sous contrôle judiciaire de plusieurs ex sénateurs parmi lesquels Maalouma mint Meidah.
Moussa ould Mohamed Amar, ancien directeur général de l’Agence mauritanienne d’information (AMI), insiste sur la dimension de la diva, «un véritable talent» qui a ouvert à la musique mauritanienne des horizons extérieurs, en plus de l’envergure politique et sociale d’une dame qui a été de tous les combats de l’opposition sur les fronts les plus chauds.
Lemrabott ould Meidah, grand frère de Maalouma, rappelle les débuts de la petite fille dans la musique, le parcours pour la modernisation et le caractère d’une battante au sens aigu des relations familiales, qui donne tout pour atteindre ses objectifs.