Les artisans aux doigts de fée, qui tracent des arabesques, pratiquent le métier de brodeurs depuis plusieurs décennies et même plus de 43 ans, pour certains d'entre eux.
Ils sont actuellement installés dans une aile périphérique du plus grand marché de Nouakchott où ils font perdurer la broderie traditionnelle réalisée à la main et qui résistent encore à la modernité des machines à broder qui permettent de réaliser de jolies broderies beaucoup plus rapidement.
Mais, cette broderie à la main reste très appréciée par la clientèle composée de Mauritaniens, de Marocains des régions sahariennes, de Sénégalais et d'ouest-Africains qui portent les boubous en bazin brodé.
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Youba ould Hacen, vendeur de boubous et client assidu, témoigne sur cet art. «Nous apprécions hautement la broderie faite à la main. Nous recevons de nombreuses commandes dans ce sens et faisons régulièrement appel à l’expertise de ces hommes pour satisfaire nos clients», avance-t-il.
Spécialiste de cette broderie, Adama Yero Lô, originaire de Thidé, un village de la commune de Boghé, ancien garde à la retraite, magnifie la solidarité dans le cercle restreint de la profession. «J’ai commencé à pratiquer ce métier sur le tard. J’ai été bien accueilli par mes collègues plus jeunes, et cela a permis une intégration rapide. Les choses sont plus difficiles qu’avant, mais on continue à vivre de notre travail. Les prix des différents modèles ont beaucoup évolué à travers le temps. Nous passons 10 à 20 jours, parfois 30, pour réaliser un modèle à la main. Les prix payés vont de 2.500 à 7.000 ouguiyas l'unité (soit entre 60 et 167 euros)».
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Pour sa part, Abdoulaye Samba Guissé, un autre brodeur, dit fréquenter ces lieux «depuis plusieurs dizaines d’années. Avant, on faisait payer 400 anciennes ouguiyas pour la broderie d’un boubou. Mais à l’époque, ce montant avait la valeur de plusieurs milliers de l’actuelle monnaie. En ce moment, le minimum pour réaliser une broderie à la main pour boubou est de 2.500 ouguiyas, mais cela peut monter jusqu'à 7.000 ouguiyas et même plus. Il est possible de porter un modèle de broderie pendant 5 à 10 ans, et de le réutiliser avec un boubou neuf».
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Il ajoute, «nous sommes parfois confrontés à des difficultés liées au coût exorbitant du fil nécessaire au travail. La petite bobine se vend à 70 et même 100 MRU, pendant certaines périodes de pénurie, mais nous achetons faute de choix».
pour sa part, Mamadou NDiaye pratique cet art depuis 1978, soit depuis 43 ans. «Une époque pendant laquelle le coût de la broderie d’un boubou en percale de coton oscillait entre 350 et 400 ouguiyas anciennes (soit entre 35 et 40 nouveaux ouguiyas d'aujourd'hui). Tous les anciens qui travaillaient ici ne sont plus de ce monde, à l’exception d’un seul. Aujourd’hui, notre art est rémunéré beaucoup plus cher, mais le coût de la vie a également changé...», explique-t-il.