Mauritanie: risques d’insécurité alimentaire dans le Sud

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Le 06/02/2017 à 14h20, mis à jour le 06/02/2017 à 14h22

La filière rizicole mauritanienne traverse une situation difficile. A Kaédi, région du sud-ouest du pays, il n’y a pas eu de mise en récolte et le risque d’insécurité alimentaire n’est pas à écarter.

En 2017, les deux zones rizicoles de Kaédi (sud-ouest de la Mauritanie) qui couvrent plus de 3.000 hectares et constituent l’unique source de revenus de la majorité de la population du département, n’ont pas été exploitées, ce qui crée d’importants risques d’insécurité alimentaire.

Cette situation de grave crise a été révélée dimanche au cours d’une conférence de presse organisée à Nouakchott par des responsables d’ONG et des paysans de la région qui se sont déplacés pour tirer la sonnette d’alarme.

Ces communautés, qui pratiquent l’agriculture familiale de subsistance, sollicitent une aide d’urgence des pouvoirs publics et des partenaires au développement, pour faire face à la nouvelle donne. Car «environ 15.000 ménages sont exposées à une crise alimentaire certaine dans une zone à vocation agro-sylvo-pastorale par excellence, du fait de l’absence d’une campagne agricole qui démarre traditionnellement au mois de septembre/octobre», explique Ba Aliou Coulibaly, responsable au sein de plusieurs organisations de la société civile.

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Pour justifier le non-démarrage de la campagne agricole «les autorités locales avancent comme argument le non-paiement des redevances par les paysans, qualifiés ainsi de mauvais payeurs», déplore Niang Samba Diwi, responsable régional au sein des organisations paysannes et fonctionnaire international à la retraite.

En fait «force est de constater que depuis plus d’une décennie les périmètres rizicoles ne nourrissent plus nos familles et du coup on arrive plus à joindre les deux bouts pour rembourser les redevances. D’ailleurs, par le passé, le président de la République est déjà intervenu pour éponger nos dettes», ajoute-t-il.

Les responsables des comités de gestion de ces périmètres expliquent la crise par «la baisse de la production dans les zones PPG-I et PPG-II de la région à cause de la chute des rendements à l’hectare qui sont passés de 8 tonnes/hectare en 1978, à 3 tonnes/hectares actuellement». Cette baisse des rendements est selon ces responsables due par une conjonction de facteurs dont «le non respect des calendriers de cultures, la spéculation autour des intrants, l’absence de matériel agricole nécessaire à la préparation des sols et le manque de professionnalisme des autorités de la Société nationale de développement rural (Sonader)».

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Par ailleurs, au sujet des redevances, les responsables des comités de gestion soutiennent «qu’au mois d’août 2016, plus de 80% du total de celles-ci ont été recouvertes. Mais, la Caisse de dépôt et de développement (CDD, établissement publique) a exigé le paiement total de toutes les créances». Conséquence, soulignent-ils, «la Mauritanie, pays encore déficitaire en céréales, a été inutilement privée d’une campagne ou mise en culture, qui malgré les aléas, aurait permis la production d’au moins 15.000 tonnes de riz paddy».

La Mauritanie importe encore 60% de ses besoins en produits alimentaires constitués essentiellement de céréales.

Dans cette démarche de sensibilisation des pouvoirs publics, les paysans de la région de Kaédi sont appuyés par le Réseau des ONG pour la sécurité alimentaire (ROSA) et Oxfam Intermon.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 06/02/2017 à 14h20, mis à jour le 06/02/2017 à 14h22