Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz ne serait-il pas campagne avant l'heure? Il se trouvait lundi à Nouadhibou, grande métropole économique du Nord, cité minière et halieutique, située à 465 kilomètres de Nouakchott, officiellement pour une série d’inaugurations et de lancements de nouveaux projets.
Le fait est que le chef de l’Etat mauritanien a inauguré le Centre hospitalier des spécialités médicales de Nouadhibou (CHSN). Un hôpital de 250 lits comptant 9 pavillons. Construit sur une aire de 8 hectares, cette unité dispose d'équipemnts modernes.
Il a aussi inauguré une unité d'habitat social de l'agence Taddamoune, une route de la zone industrielle, etc.
Il a aussi supervisé la pose de la première pièrre d’un centre d’affaires et lancé les travaux d’un Forum international pour les investissements dans la Zone franche de Nouadhibou (ZFN) visant à stimuler les investissements au niveau de cette structure.
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Concernant cette ZFN, inaugurée le 24 juin 2013, les investisseurs nationaux et internationaux ne se bousculent pas au portillon, selon des avis concordants de nombreux observateurs. Du coup, cette institution qui offre théoriquement de nombreuses facilités et incitations aux pourvoyeurs de capitaux semble avoir raté son décollage.
Le forum lancé ce lundi vise à corriger ces faiblesses et à vendre aux investisseurs nationaux et surtout étrangers la destination de la façade nord-atlantique de la Mauritanie, région à fortes potentialités halieutiques, minières et touristiques.
Néanmoins, ce déplacement dans une cité réputée traditionnellement «frondeuse» dégage un fort parfum de campagne référendaire, dans la perspective de la consultation populaire pour l’approbation d’un projet de réformes constitutionnelles dont la date a été fixée au 15 juillet 2017.
Une échéance autour de laquelle le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz mène une bataille contre une opposition déterminée à le faire échouer, mais aussi contre des sénateurs majoritairement issus de sa mouvance, qui refusent de se faire hara kiri, en acceptant la disparition de la haute chambre du Parlement.
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Une position reflétée par la déclaration, à la veille de l'arrivée du président à Nouadhibou, de Mme Ghleyouh Mint Baba, sénatrice de Nouadhibou, critiquant le gouvernement et l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité, des rangs duquel elle est issue, les accusant «de saper les efforts de démocratie et les intentions de bonne gouvernance, en dépit de la bonne volonté du président de la République».
Par ailleurs, depuis quelques semaines, cette même élue ne rate jamais une occasion de critiquer le projet de réformes constitutionnelles porté par le président.
Rappelons que cette réforme porte sur la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, la modification des symboles nationaux (drapeau et hymne) et les suppressions de la Haute cour de justice (HCJ) et du Haut Conseil islamique (HCI).
Ce projet a été approuvé par l’Assemblée nationale à une écrasante majorité et rejeté par le Sénat en mars dernier.